Extrait du journal
Le ministère et ses amis doivent bien prendre garde s'ils ne veulent pas que les difficultés s'aggravent rapidement. Déjà, il y avait eu chez beaucoup de radicaux une grande tristesse : l'abandon de la revision et de l'impôt global et progressif sur le revenu, l'atténuation extrême du programme, les avaient inquiétés. Ils se demandent si le radicalisme ne court pas le risque de se diminuer dans cette épreuve. Et voici qu'à propos du mouvement administratif les radicaux socialistes entrent en guerre. Ils auraient voulu que d'emblée le mouvement fût assez étendu et décisif pour donner satisfaction à tout le pays républicain. Dans un très vif article de l'Eclair, tout étincelant d'esprit et de colère, M. Camille Pelletan, qui est président de l'extrême gauche, se plaint de n'avoir même pu obtenir une audience, et il énumère les très nombreux préfets qui, après avoir poussé la candidature officielle à sa dernière limite contre les républicains, se prélastent aujourd'hui impunis ettriomphants. M. Brisson entendra-t-il les plaintes de son parti ? Il est clair que sur sa gauche un commencement d'opposition se dessine. • -v:; . " ■'■■■- ' Des républicains de la Creuse, auxquels on envoie M. Alapetite, préfet du Tarn, m'ont écrit pour me demander des détails sur le proconsulat de cet administrateur. Que puis-je leur dire ? Pendant deux ans, il a soumis Carmaux à un régime de violence et de police que l'Empire ne pratiqua qu'aux heures les plus aiguës. Je ne pouvais même plus aller me promener seul, ou avec deux ou trois amis, dans la campagne, sans que les bandes patronales, ^ insultantes et menaçantes, se missent à mes trousses, et la police du préfet montait dans les mêmes voitures pour se régaler du spectacle. Dans l'élection d'Albi, contre le radical socialiste Andrieu, il a usé de . tous les moyens de pression imaginables et, à la fin, il n'a pas dépendu de lui que l'opportuniste battu ne fût proclamé. Il a fallu lutter contre les plus audacieuses manoeuvres. Pelletan s'étonne qu'après de semblables états de service, M. Alapetite soit envoyé dans la Creuse, sans doute pour la punir ! d'avoir élu de bons républicains. Or, il est clair que le ministère Brisson ne peut rien sans les radicaux socialistes, sans le groupe que présidait M. Goblet et que préside aujourd'hui M. Pelletan. Le ministère saura-t-il à temps les ressaisir et prévenir une scission définitive qui serait mortelle ?...
À propos
La Dépêche est un quotidien français régional fondé à Toulouse le 2 octobre 1870 sous l’initiative d’ouvriers de l’imprimerie Sirven. Par ses plumes, le journal s’inscrit dès ses débuts dans une mouvance de gauche, Jean Jaurès et Georges Clemenceau y sont très engagés politiquement par exemple, et le journal finit par s’affirmer en faveur de la révision du procès Dreyfus. Maurice Sarraut, membre du Parti radical-socialiste, en devient propriétaire en 1932.
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