Extrait du journal

Il y a une sanglante ircnie, plus .peut-être qu'une hypocrisie, à conserver pour l'avenir le nom d une assemblée élue avec la suppression de toute trace d'élection sérieuse. Le document ' impérial affiche, avec un aplomb qui va jusqu'à la naïveté, que si le souverain accorde au peuple le droit d avoir des représentants, c'est à condition que ceux-ci seront de l'avis du Maître et préviendront ses plus secrets désirs. La Douma serait un luxe bien mutile, si elle n'avait d'autre rôle que de répondre : Amen! à tout ce que le gouvernement aurait fait sans elle. Le langage tenu par le manifeste impérial constitue, à ce point de vue, un véritable défi au bon sens. On se demande quel peut être l'état cérébral de ceux qui ont rédigé pour le tzar cet incroyable document.. , ,, Une fois le principe posé, on en deauit les conséquences : à savoir que le mode électoral doit être changé, jusqu'au jour où il fournira à l'autocratie les machines à approbation qu'elle est décidée à se procurer coûte que coûte. Pour y arriver, cette fois, -on supprime à peu près tous les électeurs, ou plutôt, sans les supprimer,' on décide qu'une poignée d'hommes élira les neuf dixièmes du Parlement; le reste n'en nommant qu'un dixième. On craint, paraît-il, que cet ingénieux système ne soit pas encore suffisant, et pour décourager les élus futurs de manifester une autre 'opinion que celle du Maître, on jette dans les cachots les membres de l'assemblée dissoute qui ont eu une telle audace....