Extrait du journal

J'entends encore Cadorna en 1916, au moment où se déclenchait l'offensive autrichienne sur le haut plateau d'Asiago, tandis que sur le front français le kronprinz poursuivait l'assaut infernal contre Verdun. A la comparaison que je faisais entre les épreuves sévères, certes, mais passagères que le hasard des batailles imposait simultanément à nos deux armées amies et alliées, le généralissime italien, d'un ton ému où perçait à la fois l'admiration, la crainte et une pointe mélancolique d'envie, objectait : « Que vous, Français, dont la longue histoire est si riche en une suite de victoires, vous n'en soyez pas à un échec près, cela s'explique; vous n'en resterez pas moins la grande nation. Mais nous, Italiens, dont le passé militaire est si bref, Il n'est pas possible de nous offrir le luxe d'un insuccès... »...