Extrait du journal

On parait être ému et même un peu choqué à Londres de la hâte avec laquelle M. Poincaré a envoyé ses instructions à M. Louis Dubois. On voit là une manœuvre du président du conseil, désireux d'aborder l'entretien qu'il doit avoir avec M. Lloyd George, avec un programme précis et définitivement arrêté. Mais en quoi cela peut-il offusquer nos amis d'outre-M anche ? Les hésitations ne nous sont plus permises, et les questions à résoudre sont trop pressantes pour que nous nous en remettions au dieu hasard et aux effusions des rencontres du soin de faire naître des arrangements où tous les intérêts seraient concilies. Si donc M. Poincaré, bien mieux placé que les Anglais pour savoir ce dont la France a besoin, a cru devoir dès vendredi donner des instructions à M. Louis Dubois. nos Alliés et amis de l'autre rive du détroit n'ont aucune bonne raison de l'en blâmer. Ou bien il faudrait admettre que l'idée qu'ils se font de la puissance britannique est désormais telle que ses compagnons d'armes d'hier doivent s'incliner devant elle comme devant une suzeraine qu'il faut suivre en silence et qu'on offense dès qu'on laisse voir quelque impatience de la précéder....