Extrait du journal

De même dans le canton de Carmaux, il y a un magnifique réveil. Notre ami Soulié est réélu avec une majorité bien plus forte que celle qu'il obtint il y a six ans, avec une majorité double de celle qu'obtenait il y a un an la liste municipale socialiste. A mesure que la population ouvrière et républicaine, si longtemps surmenée et écrasée par une combinaison intolérable de violence gouvernemen' tale et de violence patronale, se reprend à respirer, à vivre librement, elle affirme avec plus d'éclat sa foi socialiste. Et les verriers de l'u-' . sine Rességuier rejoignent dans le mouvement les mineurs de la mine de Solage. Partout dans les cantons ruraux, les candidats du marquis, appuyés et accompagnés par lui, ont succombé. Les derniers effets de la politique méliniste s'effacent. La République retrouve son ressort et la démocratie est de nouveau maîtresse d'elle-même. Il est probable que le redressement est plus sensible aux points où la compression avait été plus violente. Mais il me paraît certain aussi qu'il y a partout ou presque partout une expansion de l'énergie A * républicaine.,, ( ^ -Et de cela les socialistes doivent se re!icIteT, quel que soit à leur égard le résultat immé-, diat du scrutin. Il se peut que les radicaux et les radicaux socialistes, plus puissamment ou. tillés et mieux servis par la presse, parviennent à dériver vers eux une partie du MOtivement populaire et que îes inévitables progrès de l'idée socialiste paraissent, .en' quelques points, suspendus: Il n'importe. Tout- ce qui ajoute à la force de la Républi que et à l'élan de la démocratie, tout ce qui déracine ou des. sèche les vieilles influences conservatrices, sert la classe ouvrière, et, par conséquent, le socialisme expression suprême de sa pensée. Même si cet accroissement profond de force et de vie ne se manifeste pas d'emblée par une extension électorale, il n'en est pas moins réel. Et le parti socialiste ne tardera pas, d'ailleurs, à recueillir dans le champ électoral le fruit des progrès de la démocratie. D'abord, les partis réformateurs bourgeois ont été obligés d'accentuer leur programme, et il est visible, par exemple, que la direction du parti radical passe peu à peu de M. Brisson ou même de M. Bourgeois à Pelletan. C'est la déclaration rédigée par * celui-ci qui est devenue le programme de beaucoup de candidats radicaux : le radicalisme a dû évoluer vers son extrême gauche,- et il lui sera: maintenant impossible -de reprendre le pouvoir sans inscrire dans son programme gouvernemental la nationalisation des chemins de fer et des mines. Or, dans F état présent d'organisation de la classe ouvrière, ' surtout dans les grandes corporations, il sera - impossible à l'Etat d'assumer l'administration générale des mines 'et des chemins de fer, sans donner aux" ouvriers syndiqués une part notable d'autorité. L'Etat ne pourra s'exposer, dans l'exploitation des mines, a des conflits avec les ouvriers devenus ses ouvriers. Il devra donc les associer à la gestion, leur assurer, par des contrats d'exploitation conclus avec la fédéra-...