Extrait du journal

Ce témoignage d'un Allemand, d'un général allemand ne prouve-t-il pas que Bismarck était toujours l'homme de la fausse dépêche d'Ems ? S'il n'a pu renouveler le coup en 1875, c'est que la machination fut éventée par les méfiances de la Russie et de l'Angleterre, inquiètes de la prépondérance prussienne ? De même, à mon sens, il est démontré que la triplice, par l'effort géminé de Bismarck et de Crispi, se préparait à étrangler la. France — et même. la carte du butin était déjà dressée', comme celle de la double invasion lorsque le cambriolage manqua, tout ,d'abord parce qu'on nous vit fortement ramassés sur nos. gardes, n'offrant aucune prise imprudente, puis parce que le vieil empereur Guillaume, rassasié de dépouilles, après fortune faite, prit peur d'une nouvelle aventure ? Si aujourd'hui nous sommes beaucoup moins sous le coup d'une alerte, c'est que, d'une part, nous avons l'alliance russe ; c'est que, d'autre part, par notre entente avec l'Italie, nous avons su disloquer la triplice. Jaurès, avec beaucoup de sagacité, fait observer que Russie et Italie se sont rapprochées de nous parce que nous sommes forts. Rien de plus exact. L'argument ne prouve-tril point l'efficacité de notre politique trentenaire, lente sans doute, mais sûre, qui tend à mettre de plus en plus au service du droit cette force qui, en 1870, était au service de la violence ? ....