Extrait du journal

Le premier, c'est que si jamais accapare- ; ment fut pris sur le fait, c'est celui-là. Le dossier a été préparé à merveille par l'expert, et l'on a pu réunir des documents d'une précision décisive. D'un côté, les livres de mmmerce démontrent que, dans les deux années visées, chacun 'des deux accapareurs possédait plus des quatre cinquièmes des sucres qui se trouvaient sur le marché. D'autre part, les extraits de la correspondance des courtiers ont montré qu'ils savaient tous que les prix quotidiens; étaient le pur résultat de manoeuvres. Tous écrivaient à leurs clients : « Il n'y a plus à raisonner sur les cours : ils sont à la merci de 1' « opération ». (C'est le nom donné aux accapareurs.) S'ils le veulent, nous aurons demain une nouvelle hausse. » Et non seulement tous tenaient ce langage, mais ceux qui étaient, dans cette affaire, les instruments des accusés, écrivaient aux récalcitrants que leur client était le maître, qu'il détenait tout le stock et qu'il fallait passer par ses exigen:es. Si, après cela, le magistrat charge de l'instruction..venait, déclarer qu'il n'a pas trouvé trace d'accaparement -— seule excuse pour rendre une' ordonnance de non-lieu •—il porterait à l'évidence et à l'honnêteté publique un défi tout à fait excessif....