Extrait du journal

Mais Il ne faut pas oublier que les papes sont les premiers savoir que les forces de l'Eglise sont souvent limitées — bien plus limitées que les gens à éducation exclusivement laïque ne supposent. Dans la pratique quotidienne, quel que soit le pape. l'Eglise romaine ne peut qu'essayer de défendre ses intérêts immédiats en s'opposant à ces gouvernements et régimes qui lui semblent implacablement hostiles, mais s'arrangeant avec ceux qui la laissent vivre, même si, en secret, elle préférerait d'en avoir de plus amicaux. Un exemple : l'Eglise (sauf quelques rares esprits aussi clairvoyants que purs) sera contente ou montrera d'être contente du succès de Franco en Espagne parce que Franco lui reconnaîtra des privilèges spéciaux — privilèges auxquels les évêques espagnols tiennent sans modération, tandis qu'à Rome les esprits ne manquent pas qui commencent à soupçonner que ces privilèges finiront, à la longue, par être nuisibles à une véritable renaissance catholique en Espagne Mais si la république avait gagné, l'Eglise aurait tout essayé pour s'entendre avec elle. De même, la lutte contre Hitler continuera tant que les organisations catholiques seront menacées en Allemagne ; ,mais si, par un changement de tactique, Hitler se décidait à ne-pas trop violer son concordat avec le Vatican. l'Eglise se verrait dans la nécessité de fermer plus ou moins les - yeux sur la guerre que le nazisme continuerait à mener contre les idées de liberté, de paix, de tolérance humaine....