Extrait du journal

Vous avez la communication. » Mais nous quittons soudain notre petit appareil portatif : une « marmite » de gros calibre achève de nous assourdir. Et, telle un mo derne « geyser », une colonne toute noire, faite de terre et de poudre, apparaît juste au sommet de la crête ; aussitôt les débris jon chent le sol qui semble trembler et gémir, mais nous ne sommes pas atteints. La batterie est repérée. Et successive ment trois, puis quatre « 210 » s’abattent presque à nos pieds, à mesure que nous fuyons sous l’ouragan de mitraille qui se déchaîne et semble nous poursuivre. Vite un gros buisson pour nous protéger un eu, puis nous gagnons un léger abri borant la route pour nous tapir. L’encerclement a lieu tandis què la neige se met à tomber. Les « marmites » pieu vent tout autour de nous, les éclats menacent de percer notre faible toit fait de rondins recouverts d’une mince couche de terre. Un bruit assourdissant se répercute d’écho en écho, puis une lueur sinistre, une vague de chaleur qui se propage de proche en proche, une odeur âcre qui nous saisit à la gorge ; de l’autre côté de la route, des caisses de poudre flambent... La fumée nous livre assaut ; il nous faut sortir de notre cachette coûte que coûte. Et sous la rafale des obus qui nous traquent, qui semblent s’acharner à vouloir nous at teindre, nous engloutir, nous fuyons de toute la force de nos jambes à travers champs vers la ferme la plus proche, vers le salut. De la poudre s’enflamme à nouveau, lueur sinistre, d’une telle tristesse que la neige paraît s’épaissir pour en dérober la vue aux investigations ae l’ennemi-...