Extrait du journal

PARIS. L’anniversaire du 12 avril a offert les solennités accoutu mées : une messe de la composition de M. Chérubin!, une réception nombreuse et brillante, une revue de la garde nationale, les discours des divers corps de l’état, et les réponses du Roi, enfin l’illumination des édifices publics et de quelques hôtels particuliers en forment le tableau complet. Cette partie de ta nation qui n’a pas ses entrées, et c’est la plus nombreuse, s’occupe moins exclusivement de ce qui peut tenir aux sentimens, aux cérémonies, à l’étiquette, que des discours et des réponses dans lesquels elle espère trouver la révélation des pensées royales ou la garantie de la conduite des corps de l’état. Tous les orateurs se reportent au 12 avril 1814y lotis retracent les espérances que ce jour fit concevoir, et MM. Séguier et Dcscze nous paraissent les avoir rappelées avec plus de charme et de bonheur. Une phrase du Roi dans sa réponse au premier président de la cour de cassa tion porte une empreinte spéciale : «Je conserverai toute ma vie le souvenir de cette journée, et je désire, pour ma récompense, que tous mes sujets en jouissent aussi plei nement et aussi entièrement que moi. » Comment la France n’en jouirait-elle pas, si sa situation ressemble au portrait qu’en a fait M. Peyronnet : « La fon dation d’un gouvernement régulier et libre, la création et les progrès du crédit public, les factions désarmées; tant de paix, de sécurité , de prospérité. » Cerles, s’il en est ainsi, les volontés royales sont exécutées, les espérances de la France sont comblées, et personne n’a plus de désirs à former. Pourquoi la vérité ne peut-elle arriver au prince qu’en passant par des organes intéressés à la voiler pour conser ver le pouvoir ? Le Roi se souvient du premier 13 avril; il ne peut avoir oublié son entrée A Paris lors de son avène ment au trône : il doit savoir alors tout ce que le respect nous interdit de dire....