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La France chrétienne, 21 avril 1827

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La France chrétienne
21 avril 1827


Extrait du journal

PARIS. Lorsqu’une population de près d’un million d’hommes s’agite pour témoigner sa joie, il est rare qu’un semblable mouvement ne produise pas quelques accidcns ; mais les fêles officielles n’en sont pas plus exemptes que les réjouis sances vraiment nationales , et il serait aisé de prouver que, depuis le mariage du dauphin (Louis XVI) jusqu’à nos jours, tous les témoignages d’allégresse sous la protec tion de la police ont produit chaque fois plus de désordres que l’élan spontané de la population du Paris a propos du retrait de la loi sur la presse. Le grand feu d’artifice officiel a l’habitude de brûler plus d’habits que les millions de pé tards indépendans de mercredi soir, et il se donne encore plus de coups de poing aux ignobles distributions de co mestibles, qu’il ne s’est échangé de mots spirituels sur la confusion ministérielle dans les groupes de la fête natio nale. Il est évident que les organes du ministère, qui, comme les rédacteurs du Journal de Paris, se trouvaient indisposés le jour du retrait de la loi, n’ont vu dans la joie universelle qu’une insulte à leur douleur; et nous pardonnons à leur désappointement tout ce qu’ils ont aperçu de sinistre dans un mouvement qui doit convaincre l’observateur impartial que le peuple français est le plus doux et le plus digne d’une véritable liberté. Les plus fortes malices de la jour née ont été quelques pétards lancés contre des passans taci turnes : il n’y a pas une noce, une fête de famille où l’on ne se permette cette plaisanterie assez triviale ; mais qui enfin ne peut être assimilée à des tentatives de sédition. Quelques chants improvisés , parmi lesquels on remarquait des vers comme ceux-ci : La Chambre des pairs s’est toujours montré Le protecteur des pauvres ouvriers , me paraissent aussi d’une innocence remarquable, à l’ins tant ou un peuple entier debout témoignait sa reconnais sance à qui sait défendre ses droits. D’ailleurs, cet hom mage rendu au premier corps aristocratique de la France, ne prouve pas non plus un grand penchant à la révolte; aussi M. Delavau en a-t-il été pour son ordonnance et ses belles dispositions de jeudi soir; près de 5ooo hommes ont campé sur les différentes places publiques de Paris jusqu’à une heure du matin, sans trouver l’occasion de dissiper un attroupement de deux personnes. Les dernières démons trations de joie se sont paisiblement réfugiées de la rue dans les salons , dans les ateliers , et jusque dans les caba rets , et chacun , en fuyant les baïonnettes, est resté bien convaincu que l’acte national du retrait de la loi vexait sensiblement la police....

À propos

D’abord bihebdomadaire, puis hebdomadaire, La France chrétienne était un journal catholique connu pour sa réticence vis-à-vis du libéralisme. Ses rédacteurs y soutenaient les moines jésuites et s’opposaient de manière plus ou moins féroces aux idées révolutionnaires. Lancé en 1821, le journal n’aura qu’une durée de vie limitée ; il s’éteint en 1828.

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