Extrait du journal

lit ces articles no restent pas lettre morte. Ils no dorment pas au fond du Code le long sommeil que connaissent certains de leurs semblables. Les statistiques sont édifiantes; pendant douze ans, par exemple, de 1884 à 1896 on compte 1.329 poursuites; sur 2.652 prévenus. 215 acquittés; sur les 2.437 condamnations, 2.075 à la prison et 362 à l’amende. On est souvent étonné de voir les. tribunaux et les Cours montrer une .sévérité extrême quand il s’agit de délits commis à l’occasion d’une grève. Les peines qui sont alors prononcées nous paraissent hors de proportion non seulement avec les actes commis, mais môme avec celles qui accompagnent dans d’autres circonstances les mêmes actes. C’eut que les Cours et les tribunaux sont contraints d’appliquer ici non pas le droit commun, mais la législation spéciale inventée par le second Empire à l’usage de la classe ouvrière. Un apache désoeuvré assaille quelque u pan te » infortuné pour rien, pour le plaisir. Les coups qu’il lui porte n’occasionnent pas une maladie ou une incapacité de travail de plus de vingt jours. L’art. 311 du Code pénal permet d’infliger à l’agresseur un emprisonnement do six jours A deux ans et une amende do 16 à 200 fr. S’agit-il au contraire d’une discussion qui éclate entre gréviste et non gréviste, lorsque celui qui souffre pour obtenir des avantages collectifs se laisse entraîner non pas même à frapper le camarade qui déserte la cause commune, mais simplement à lui adresser les menaces les plus banales et les plus vagues. L’art. 414 s’applique ; six jours A trois ans do prison et une amende de 16 à 3.000 fr. ! Lorsque le législateur de 1884 fit la loi sur les Syndicats l’abrogation des articles 414 et 415 fut demandée. M. Ribot s’y opposa et hélas I M. Ribot obtint gain de cause....