Extrait du journal

Les paroles de von Payer lui donnent l’impression que le plan de l’Allemagne est déjà arrêté, que tout dans le rapprochement « sera réglé du point de vue militaire, même les questions économiques ». La Hongrie se voit menacée d’un lien avec l’Allemagne, plus étroit et plus durable que celui qui l’unit à l’Autriche. Elle espérait en von Kühlmann dont les déclarations traduisaient avec exactitude les conceptions de VAutriche-Hongrie sur la paix ; elle savait que sa chute serait l’indice certain d’une recrudescence pangermaniste.... Aussi la presse hongroise se lamente-t-elle sur « le triste avenir » de son pays que vouent à l’écrasement les desseins de l’Allemagne toute-puissance. Elle s’épouvante, car la Mittel-Europa que rêvait Naumann « est devenue aujourd’hui le programme officiel de l’hégémonie allemande ». Elle s'indigne de ce qu’impudemment on prétende trancher le sort d’une grande puissance ayant plus de cinquante millions d’habitants, sans même lui demander son avis... Exaspérée, c’est ellemême qui ose qualifier le plan allemand de « rêve monstrueux » !...