Extrait du journal

J'ECRIS, sans précaution, que tout cela est injuste et que tout cela est vain. Injuste d'abord, car les socialistes n'ont été ni pire® ni meilleurs que les autres. La chaîne était continue de Blum à Marin, et il n'est pas de parti qui n'ait eu ses bellicistes et ses anglopanes comme les autres. D'ailleurs, il faut ne pas oublier de quels rangs se sont élevés, après 1919, les plus véhémentes protestations contre le Traité de Versailles, contre l'occupation de la Ruhr et les plus pathétiques appels en faveur du rapprochement franco-allemand. Et si l'on m'objecte que tout cela a été impuissant, que tout cela s'est altéré et corrompu, par la faute des mauvais chefs, certes, je répondrai que je le — sais. Mais je répondrai aussi que, pourtant, c'est dans la masse énorme des ouvriers, des paysans, des petites gens, influencée par le socialisme, qu'est née et qu'a vécu la grande aspiration vers le progrès et vers la paix. Que c'est dans cette masse que cette aspiration sommeille. Et que a est dans cette masse qu’elle se réveillera. Dans cette masse, et non pas dans les milieux de la banque ou des trusts, toujours préoccupés petitement de leurs profits....