Extrait du journal

1——a— tasse qui glissait à terre et roulait sur le tapis. — Vous êtes jeune, Diane. Vous gué rirez. — Hélas, comme je le voudrais, fit la douce enfant en laissant retomber sa tête sur le coussin, c’est si beau la vie, je m’en sou viens, — ne m’en veuillez pas de vous dire cela — mais la première fois que j'ai vu Louis, j’ai ressenti une telle impression de bonheur qu'en vérité je crus n’être plus sur la terre. Oui, c’était un ravissement pro fond, exquis, et quand il me sourit, quand il me parla, je compris ce que c’é tait que ce mot de bonheur dont j’avais si souvent rêvé sans en deviner la significa tion. AU ! maman, voulez-vous bien que je vous appelle ainsi, comme il eut été beau de vivre entre vous et lui, ne formant à nous trois qu’un seul être, n'ayant qu’une seule pensée et ne désirant que notre joie mutuelle, mais tout cela est fini, bien fini ; comme je suis triste de mourir ! — Diane, je vous en supplie. Louise s’e (forçait de retenir ses larmes ; mais, tandis qu’elle restait derrière la jeune fille pour lui dérober son visage, les pleurs coulaient lourdes et douloureuses sur ses joues amaigries. —- Quelle heure est-il, demanda encore la malade. E^t-ce que Louis ne va pas reve nir? — Bientôt, d’un moment à l’autre. — C’est que, voyez-vous, maman, j’ai peur de mourir sans qu’il soit là, et je vou drais tant qu’il m’embrassât au front avant que je m’en aille ; mais il ne faut pas qu’il tarde trop.., Elle retomba dans sa somnolence, puis encore une heure se passa. Elle souffrait visiblement. La balle du baron de Quincy avait atteint les organes vitaux ; en vain des Harmoises, j après l’avoir extraite, avait tenté de dvtor-...