Extrait du journal

A Monsieur Turgan J'ai promis de répondre à votre lettre d'hier. Je tiens parole. I J'aime l'ouvrier, et tous mes écrits, tous mes actes attestent que je l’ai tou jours aimé. C’est pourquoi je déteste, c’est pourquoi j’ai toujours détesté et combattu le révolutionarisme, son plus cruel ennemi. Egaré par des meneurs, égarés euxmêmes par une fausse tradition, que fait l'ouvrier qui déserte son atelier pour aller dépaver la Rue et construire une barricade ? Si le travail était rare, il le rend plus rare encore; si le salaire était insuffisant, il le rend encore plus insuffisant ; si le crédit était déliant et l'escompte difficile, il rend l’escompte encore plus difficile et le crédit encore plus défiant ; si la prospérité existait, il l’interrompt pour mettre à sa place la misère. La misère ! Je comprendrais que l'ou vrier la bravât et risquât de la souffrir un mois, deux mois, trois mois, si, à l’expiration de ce terme, son sort devait et pouvait être sensiblement et irrévo cablement amélioré par le gouvernement sorti des entrailles sanglantes de l’in—...