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La France, 9 janvier 1879

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La France
9 janvier 1879


Extrait du journal

liés sont rares et que rien ne nous oblige à les froisser dans leur orgueil national, à les frapper dans leurs intérêts. Nous nous souvenons enfin que le gou vernement républicain a charge d'âme. C’est un pays blessé, amoindri, humilié, qu’il a relevé de la terre sanglante où il gisait et qu’il ramène pou à peu à la vie, à la prospérité, à la pleine possession de ses forces et de sa fierté. Ce n’est pas au moment où l’œuvre en core inachevée vient de rencontrer une nouvelle chance de succès, par des élec tions sénatoriales qui nous présagent la paix intérieure ; ce n’est pas quand la convalescence heureusement poursuivie prend des allures de guérison ; ce n’est pas quand de toutes parts on nous guette pour savoir ce que nous allons faire de nos forces renaissantes, que nous pou vons mettre la main à ce gâteau musul man dont tous les gourmets et tous les gourmands de l’Europe ont déjà p ris leur part. Nous ne sommes les convives de per sonne. Nous mangeons, sans nous plain dre, le pain noir de la rançon, de cette rançon que nous avons bien pu acquit ter, grâce à de grands patriotes dont les noms sont sur toutes les lèvres, mais que nous n’avons pas encore regagnée. On n’attend qu’un geste de convoitise de notre part pour nous lier les mains par un cadeau. Ayons la dignité de tout refuser et de ne rien prendre. C’est la seule politique, aujourd’hui, qui con^ vienne à un peuple dont la convoitise véritable s’appelle d'un autre nom : le regret 1 Pas de compensations î II n’en est pas pour de certaines mutilations. A qui a perdu les bras, offrez donc des bagues î Voilà tout justement ce qu’on nous of fre avec Tunis. Non, non, mille fois non I Pas de con quêtes 1 Si le bey nous refuse satisfaction, châtions-Ic, montrons-lui ce que peut encore faire de sa ville et de ses troupes la France outragée ; mais ne prenons pas un pouce de cette terre. Tous les avantages que nous en pour rions retirer ne vaudraient pas l’indé pendance dont nous nous priverions du même coup. Des obus, pas de chaînes 1 Ch. Laurent....

À propos

Lancée en 1862, La France était un quotidien suivant une ligne éditoriale à la fois libérale et favorable au Second Empire. Durant la Commune de Paris, le quotidien publia également une édition départementale imprimée à Tours. En 1874, Émile de Girardin, fondateur de La Presse et grand entrepreneur médiatique également proche d’Adolphe Thiers et de Gambetta, rachète le journal. Sur quatre pages, on y écrit de longs articles, en plusieurs parties, qui s’étendent parfois même sur plusieurs jours.

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