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La France, 9 juillet 1897

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La France
9 juillet 1897


Extrait du journal

qu’elles mômes, qui avons à le déplorer ». Ce couplet est aussi joli que l'autre, n'estce pas, quoique sur une musique ancienne! Le discours de Meilhac, d’une saveur si parisienne, ne fut pas sans causer quelque déception aux privilégiés qui furent admis à l'entendre. Bien qu'il eût cessé, depuis déjà longtemps, de collaborer avec Halévy, il y a dans leur œuvre commune une telle unité, elle est tellement indivisible, si l'on peut dire, qu’on ne saurait isoler l’un de l’autre les deux collaborateurs. Aussi tout le monde s’attendait-il à ce que Meilhac évo quât cette glorieuse collaboration. Il n’y fît même pas une allusion discrète. Etait-ce par un restant de rancune de n’èlre entré, que le second dans celte compagnie illustre où il se croyait tous les titres à entrer le pre mier? Toujours est-il qu'il s’en suivit un certain malaise, dont le reste de la séance se fut fâcheusement ressenti,si Jules Simon, après avoir associé dans un même hommage les « deux frères siamois » du théâtre, n’eut donné de l’oubli, volontaire ou non, de Meilhac une explication assez plausible: « Tous ceux qui vont au théâtre, cl môme tous ceux qui aiment les lettres, savent que vous n’avez eu qu'un collaborateur et que ce collaborateur est votre ami. « Vous avez « voulu laisser à un autre le soin » de dire tout ce qu'il y a en lui d’esprit étincelant, de grâce décente, de bonne humeur et de sensibilité délicate cl vraie. « L’amitié a ses « scrupules comme l’amour! » Elle réserve ses confidences pour l’intimité. Et puis, cc collaborateur, il a travaillé avec vous toute sa vie. Vos deux noms sont associés dans notre reconnaissance pour tant de plaisir que vous nous avez fait, et dang notre ad miration pour tant de talent dépensé à nous divertir. « Vous auriez paru, en faisant son « apologie, faire la vôtre. Ce n’est pas que a cela vous eût déplu ; » mais les malveil lants auraient glosé, et les curieux n’au raient pas manqué de se^ dire : « Faisons la « part de chacun ». Vos compliments au raient passé peur des aveux ou pour des artifices, « suivant l’opinion qu'on se serait « faite de sa sincérité. » Que dites-vous de ce délicieux morceau ? C’est un spécimen accompli de celle élo quence académique où lu bonne grâce cor rige l’ironie, de celte éloquence féline, où c’est à peine si, sous le velours, on entrevoit la griffe. A l’issue de celle mémorable séance, Meilhac connut le néant de la gloire. Comme il sortait de l'Institut, cherchant la voiture du cercle qui l'avait amené : — Fout-il appeler votre voiture, mon prince? lui demande un gavroche hypnotisé par l’épée et l’habit vert. — Oui, appelez la voiture de M. Henri Meilhac ! — Vous dites ? fait le pâle voyou. —-Je dis la voiture de M. Henri Meilhac ! — J’entends bien...Mais le nom du cocher serait plus intéressant ! Soyez donc célèbre ! Emile HL AU ET....

À propos

Lancée en 1862, La France était un quotidien suivant une ligne éditoriale à la fois libérale et favorable au Second Empire. Durant la Commune de Paris, le quotidien publia également une édition départementale imprimée à Tours. En 1874, Émile de Girardin, fondateur de La Presse et grand entrepreneur médiatique également proche d’Adolphe Thiers et de Gambetta, rachète le journal. Sur quatre pages, on y écrit de longs articles, en plusieurs parties, qui s’étendent parfois même sur plusieurs jours.

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