Extrait du journal

Bruxelles, 10 mars. Dans un dîner où figuraient le représen tant d'un grand établissement de crédit de Paris, un très haut fonctionnaire russe, de passage à Bruxelles, et d’autres notabi lités, on parlait des événements de Chine. On en annonçait le partage. L’Angleterre prenait Fonnose. L’Allemagne devait avoir une partie du territoire continental. La Russie prenait Port-Arthur, la Corée, et la France l’aidait à se tailler la plus grosse part. — Quelle sera la part de la France? demanda alors le Français. « — La France, dit le Russe, elle souscrira les emprunts russes. » Cela fut dit très sérieusement et c’était tellement l'opinion de ceux qui étaient pré sents que cette phrase d’une ironie si cruelle n’amena pas le plus léger sourire. Pour ceux qui savent que les Russes prétendent nous avoir rendu service en nous empruntant tant d’argent, elle n’est pas extraordinaire; mais combien y en a-til en France qui se rendent compte que les capitaux français auraient pu s’employer plus utilement dans leur propre pays ? LES ACCIDENTS DU P.-L.-M....