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La France, 11 juillet 1916

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La France
11 juillet 1916


Extrait du journal

Impressions Au retour... Par Christine Milan Je descends de mon taxi à la gare de l’Est et le seigneurial pourboire que je don ne au chauffeur révèle toute la joie de mon âme ! Oh ! gare triste qui me semblait jadis inutile, à moi, parisienne futile, et que la guerre a animée de tant d’espoirs, d’in quiétudes et de douleurs. Oui, trois fois depuis la date terrible, anxieuse auprès de tant d’autres, je suis venue attendre... et aujourd’hui, c’est moi qui pars ! Je vais là-bas, vers la petite ville lointaine et pro che du front où, conmnne une coupable, avec des terreurs d'être arrêtée en route, je le retrouverai pour quelques heures, lui, celui que j’aime. Il y a des mois, de longs mois que je ne l’ai vu*et je me sens trou blée et inquiète comme une petite fille qui va à un rendez-vous. Est-ce que cela ne se voit pas ? Tout me fait peur. Le gendarme près du guichet me semble redoutable... s’il ne me laissait pas passer ? Mais non, je passe, je vais partir. On timbre mon billet et je me m’engage sur le quai, le long du train qui s’étend comme une grande chenille au repos. Le wagon le plus solitaire est celui qui me tente. Deux vieux messieurs bourrés de journaux : ils ne m’ont même pas regar dée, oui, ce sont bien là les compagnons qu’il faut à ma joie intérieure qui ne veut aucun regard. Dans le couloir, une infirmière quête. Elle a des yeux graves dont je ne trouve pas le fond. Elle me regarde avec un sou rire, sûrement, elle devine où je vais... et je donne beaucoup, beaucoup pour les bles sés. Le train siffle, on part et je rêve, les yeux clos, à la douceur d’être emportée par une autre puissance vers tout mon désir. Combien de temps ? Je ne sais pas ! Mes yeux, éblouis d’avoir été longtemps fermés au jour pour s’ouvrir mieux à mon rêve in térieur, regardent... Le soleil adouci par l’approche du soir, une rivière où les joncs ondulent comme une vague. Un souffle égal et sans secousse les courbe tous et ils pal pitent légèrement, juste assez pour indi quer qu’ils vivent et qu’eux aussi ont une volonté. Plus loin, un héron silencieux regarde au bord de l’eau son long bec. Il a l’air mi sérable, triste, minable et on dirait qu’il louche. Quelle pauvre petite culotte de plu mes ont ses cuisses maigres ! Moi, qui n’en avait jamais vu, de le trouver aussi sera* i...

À propos

Lancée en 1862, La France était un quotidien suivant une ligne éditoriale à la fois libérale et favorable au Second Empire. Durant la Commune de Paris, le quotidien publia également une édition départementale imprimée à Tours. En 1874, Émile de Girardin, fondateur de La Presse et grand entrepreneur médiatique également proche d’Adolphe Thiers et de Gambetta, rachète le journal. Sur quatre pages, on y écrit de longs articles, en plusieurs parties, qui s’étendent parfois même sur plusieurs jours.

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