Extrait du journal

Nous connaissions l’histoire de la soupe au caiiMou. Voici mieux i: L’autre soir, au 70* de ligne, à Vitré, un soldat n’avait pas répondu à l’appel. Cepen dant, on l'avait vu rentrer à la caserue et il n’était pas ressorti. On fit une ronde pour le trouver et on le chercha partout, du haut en bas, dans tous les coins. La ronde explo rait Les cuisines, lorsque le soldat qui por tait le faJot fit un faux pas et, cherchant un point d’appui, plongea le bras dans une des immenses marmites où se fait la soupe du régiment. Sa main ayant rencontré un corps chaud et visqueux, i* jeta un cri, et comme il restait là tout saisi, le sergent s’approcha et regarda dans la marmite. O surprise ! Dans l’eau préparée pour la soupe, et au milieu des légumes, choux, carottes et pommes de terre,il y avait un homme tout nu qui se dressa aussitôt, enjamba le bord de la marmite et s’enfuit sans demander son reste. C’était le soldat manquant. Avait-il voulu se cacher ou prendre un bain ? On ne sait, car il était gris et ne garde qu’un vague souve nir de l’aventure. On le retrouva quelques instants plus tard, toujours dans le même costume, et blotti dans les cabinets. Toute -a caserne dv 70e s’est beaucoup amusée de cette histoire, mais comme l’ivrogne avait choisi pour s'y plonger une marmite qui n’é tait pas celle de sa compagnie, les soldats de l’autre compagnie ont déclaré qu'ils ne mangeraient plus la soupe faite dans ce ré cipient, et l’on a procédé à un échange de marmites. C’est égal, ce baigneur d’un nouveau genre aurait pu avoir un réveil cuisant dans sa baignoire si le cuisinier, sans remarquer sa présence, était venu mettre le feu dessous. — x — Le testament de M. Chenavaz...