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La France, 13 janvier 1883

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La France
13 janvier 1883


Extrait du journal

ve son explication historique que dans l’alliance coupable des libéraux de la Chambre avec les membres de la droite, auxquels, en échange de leur concours, furent honteusement livrées les mairies de canton de l’Ouest et du Sud-Ouest. C’est ainsi qu’un organe républicain, la République française, écrit l’his toire. Cette philippique de cent lignes diri gée contre des hommes que nous ne nous sommes pas donné pour mission de dé fendre, et sur la politique desquels nous n’axons pas hésité, à l’occasion, à dire toute notre pensée, est significative, elle montre que le sang-froid est vite revenu aux politiciens que nous combattions hier et qui rentrent dans la bataille avec une ardeur nouvelle, le lendemain même de la mort de leur chef. La tête du parti est tombée, mais les membres épars çà et là remuent encore. Le parti est décapité, mais la faction sc cramponne à l’existence, et, pour faire illusion sur sa vitalité elle refuse la paix que tous les esprits généreux étaient prêts à lui offrir. Elle attaque, alors qu’elle devrait intérieurement rendre hommage à la générosité de ses adversaires qui consentaient volontiers à lui accorder du temps pour se remettre, pour revenir à résipiscence et ne son geaient pas à abuser du deuil qui venait de la frapper pour pousser trop loin leurs avantages. MM. de Freycinet et Goblet sur qui, sans crier gare, l’on frappe, ce matin, à coups redoublés comme sur des tètes de Turcs, sont tombés, il convient de le rappeler, sur une question de politique extérieure, et victimes, au fond, d’une machination parlementaire sans droiture ni franchise. Et, depuis leur chute, l’on nous ac cordera sans doute que le Parlement, qui s’essayait sous leur conduite à l’ap prentissage d’une politique de liberté d’allure absolument nouvelle, n’a pas re trouvé son assiette. Les ministres dont nous parlons, sontils donc, depuis la mort de leur plus grand ou plutôt de leur seul adversaire, redevenus un danger que, sans se don ner le temps d’essuyer ses larmes, on les attaque déjà avec tant de vivacité et nous pourrions dire de perfidie. L’homme qui est mort pouvait être considéré comme le chef d’une église, de l’église autoritaire ; lui disparu, pré tend-on nous obliger à partir en guerre contre une chapelle politique désormais vide de la divinité, dont la présence excusait dans une certaine mesure l’em pressement des fidèles? La Chambre sert de théâtre immédiat à ces tentatives de résurrection d’un parti mort et enterré. Ne ferait-elle pas bien de saisir la première occasion qui se présentera à elle d’affirrner nettement sa re prise de possession d’eile-mêmo? Les représentants de la nation, après avoir repoussé le joug dont on les menaçait, ne sauraient décemment sc courber sous la direction presque insultante des ser viteurs qui ont, à la fois, le bonheur et le malheur de survivre à leur maître. A. Buisson....

À propos

Lancée en 1862, La France était un quotidien suivant une ligne éditoriale à la fois libérale et favorable au Second Empire. Durant la Commune de Paris, le quotidien publia également une édition départementale imprimée à Tours. En 1874, Émile de Girardin, fondateur de La Presse et grand entrepreneur médiatique également proche d’Adolphe Thiers et de Gambetta, rachète le journal. Sur quatre pages, on y écrit de longs articles, en plusieurs parties, qui s’étendent parfois même sur plusieurs jours.

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