Extrait du journal
Nous ne ferons pas l'injure à la majorité protectionniste de croire que, si elle a sup primé les droits d’octroi sur les boissons hygiéniques, c’est moins pourles travailleurs des villes que pour les gros viticulteurs du Midi, les riches propriétaires normands et les puissants brasseurs du Nord et de l’Est. Admettre une pareille monstruosité, ce se rait accuser les protectionnistes de cher cher à satisfaire des intérêts particuliers aux dépens des intérêts généraux. Ou peut pen ser de pareilles choses : on ne doit pas les dire. Quant aux démocrates qui ont voté la suppression des octrois, ceux-là pc ivcnt n'avoir vu que le résultat immédiat et ne pas avoir entrevu que ce dégrèvement ne serait compensé que par une charge nou velle sur les travailleurs, telle que la sur taxe sur l’alcool. Toutes les sociétés de tempérance d’An gleterre, d’Allemagne et de France ne par viendront pas à prouver que l’alcool n’est pas utile à la vie des ouvriers. Dans les pays ou le vin est trop cher, les ouvriers consomment de l’alcool pour s’alimenter. Si le dégrèvement des boissons hygiéni ques n’avait eu pour but que de diminuer le prix de la vie des travailleurs, on aurait songe à supprimer les droits de douanes sur les autres boissons hygiéniques, car il y en a d’autres que le vin, la bière et le cidre; il y a, par exemple, le ca;c. Le café est trop cher en France, et de là sa consommation relativement restreinte ne suit pas une progres sion très importante. S il était bon mar ché, tout le monde en boirait, et souvent, parce qu’il constitue une boisson très saine, très fortifiante et très nourrissante. Les droits de douane sur le café produi sent un beau denier: 110 millions. C’est énorme, nous en convenons. Mais les taxes d’octroi sur les boissons hygiéniques s'élèvent à une somme bien plus considéra ble encore. Ainsi, pour Paris seulement, } elles s’élèvent à 3G millions ; on les a ce- ! pendant bien supprimées. Il est vrai qu’on a abandonné aux conseils municipaux le soin de trouver les taxes de remplacement, tandis que, si les droits de douane sur le café étaient supprimés, ce serait à l’Etat, c’est-à-dire au Parlement, à les trouver. Nous ne croyons pas que ce soit motif suffi sant pour les maintenir. Quand un impôt est mauvais, la première préoccupation à avoir est sa suppression ; la seconde, est de trouver un impôt moins inique pour le remplacer. C’est ce qui a été fait pour les droits d'octroi sur le vin, la bière et le cidre. Ces droits sont supprimes et l’on en est à rechercher l’impôt nouveau pour les remplacer. Le Journal des Chambres de commerce prétend qu’il n'y aurait pas lieu de s’en préoccuper cette année. L’insuffisance de la récolte des céréales augmentera les recettes douanières. Evidemment, c’est là une ressource importante, mais elle est ac cidentelle et, par conséquent,aléatoire. Puisqu’on cherche dans une élévation de l'impôt sur la propriété immobilière bâtie ou non bâtie une compensation pour le vin, la bière et le cidre, pourquoi n’aurait-on pas recours à un impôt de ce genre en faveur de cette autre boisson hygiénique, le café? Pourquoi encore, ne prélèverait-on pas sur l’ensemble des droits de douanes dont nous venons de parler la somme suffisante pour dégrever le café? A moins que les viticulteurs méridionaux ne s’imaginent que le café est un concur rent redoutable pour le vin, on n’aurail aucune raison pour ne pas dégrever les consommateurs des droits exorbitants que payent les cafés, quand on les a surcharges de droits de douane mis sur tous les pro duits étrangers, sans en excepter le vin pour lequel ils payent plus d’un sou par litre. Les protectionnistes qui ont mis des droits de douane sur les produits similaires étrangers et qui ont voté la suppression des taxes d’octroi, pour mieux vendre leurs produits agricoles, ne doivent pas craindre que le café étranger ou colonial fasse con currence à un produit similaire, puisque la...
À propos
Lancée en 1862, La France était un quotidien suivant une ligne éditoriale à la fois libérale et favorable au Second Empire. Durant la Commune de Paris, le quotidien publia également une édition départementale imprimée à Tours. En 1874, Émile de Girardin, fondateur de La Presse et grand entrepreneur médiatique également proche d’Adolphe Thiers et de Gambetta, rachète le journal. Sur quatre pages, on y écrit de longs articles, en plusieurs parties, qui s’étendent parfois même sur plusieurs jours.
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