Extrait du journal
ARMEE TERRITORIALE Commandant : général de brigade de ré serve Gervais. Bataillons des 2e, 6°, 20e et 2Ae régi ments ; Batteries à pied et batteries à cheval. CHRONIQUE FÊTE NATIONALE Le soir du 30 juin 1878 (qui fut la première fête nationale avant qu’on eût choisi le IA juillet), une foule immense, ravie, chantante, montait, vers neuf heures, l’avenue des Champs-Elysées, tout illuminée, pour gagner le Bois de Boulogné, constellé de lanternes véni tiennes. Dans la baie de l’hôtel, qui s’appela longtemps la Niche à Fidèle, un homme debout dans l’ombre, regardait ce défilé gigantesque de tout un peuple qui, après tant d’années de deuil, recouvrait subi tement sa joie. Cot homme était M. de Mettcrnich, l’ancien ambassadeur d’Autriche à Paris sous l’Empire. Avec quelques amis, nous passâmes et repassâmes devant le balcon, où se tenait debout ce spectre du passé. Il ne bougeait pas, regardant toujours avec une curiosité inquiète ce peuple en mouvement, ce peuple, vaincu naguère, abattu, saigné aux quatre veines, ce peuple destiné à un suprême égorge ment et qui s’éparpillait là, vivace comme un troupeau d’enfants en vacan ces, riant et butinant la joie nouvelle le long des buissons d’arbres, pleins de lanternes vénitiennes pareilles à des mûres fantastiques. Quelles réflexions devait se faire, de bout dans l’ombre, le diplomate de cette autre nation vaincue qui s’appelle l’Au triche, nation vaincue, mais résignée celle-là à se soumettre à sou vainqueur, dont elle était déjà devenue la plus fer vente et la plus authentique alliée? Que devait penser ce diplomate monarchique, en voyant ce peuple débordant d’enthou siasme pour avoir enfin conquis, après les secousses du 16 mai, sa République, dont ou inaugurait le triomphe par une Exposition universelle. Oli ! cette Exposition universelle de 1878, dont la splendeur n’a pu être éclipsée depuis, que par celle de 1889, la triomphale kermesse de 1889 où les rayons électriques, tournant autour de la Tour Eiffel, semblaient battre dans l’espace la mesure imaginaire d’une valse fraternelle des peuples? Et toutes les fois qu’une nouvelle fête, un nouveau IA juillet suscite les lam pions le long des avenues, allume des feux d’artifice sur nos collines, fait tour ner, aux sons des orchestres populaires en plein vent, des foules hilarantes, je me rappelle cette silhouette du diplo mate autrichien, entrevue le 30 juin 1878,dans lu Niche à Fidèle, aux ChampsElysées ; je revois cet homme symboli sant un Passé qui s’écroule regardant avec effroi l'Avenir passant devant lui avec des chants et des lumières. Quelque rythme était né enfin : le Droit à la Joie, que tout homme venant en ce momjte porte en lui, malgré les...
À propos
Lancée en 1862, La France était un quotidien suivant une ligne éditoriale à la fois libérale et favorable au Second Empire. Durant la Commune de Paris, le quotidien publia également une édition départementale imprimée à Tours. En 1874, Émile de Girardin, fondateur de La Presse et grand entrepreneur médiatique également proche d’Adolphe Thiers et de Gambetta, rachète le journal. Sur quatre pages, on y écrit de longs articles, en plusieurs parties, qui s’étendent parfois même sur plusieurs jours.
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