Extrait du journal
C’est l'abstention, c'est < Y absentéisme, » — mot emprunté par le /lien public au lan gage de l’économie politique,— qui est sur tout mis aujourd’hui sur le tapis.On est ù peu près unanime pour condamner sévèrement cette désertion, imprudente dans tous les temps, mais qui, le 2 juillet, serait presque criminelle. Le Constitutionnel rappelle que si l’insur rection du 18 mars a pu s’organiser avec tant de force, si elle a pu éclater avec tant d’audace, c’est parce que l’on s’est abstenu, le 8 février, à Paris. En voyant les cham pions naturels do l’ordre se disloquer si spontanément, les meneurs ont compris qu’ils pouvaient tout oser, et ils ont osé. En politique tout se tient : les moindres fautes, les moindres négligences peuvent engendrer les plus grands désastres. La Patrie ne se borne pas ù ces considé rations générales et très justes. Elle des cend dans les faits. Elle nous montre, au jourd’hui encore, malgré la victoire de l'armée, en dépit du triomphe de l’ordre, cent mille électeurs parisiens prêts à ins crire sur leurs bulletins les candidats dé signés par Y Internationale. Elle est certaine, elle affirme que déjà les électeurs de ltochefort préparent une manifestation en faveur de la Commune, de la Commune blessée et vaincue, mais encore vivante, de la Commune qui a ses adeptes, ses fanatiques, à Lyon, à Mar seille, à Toulouse, dans toutes les grandes villes de France, comme à Londres, à Ge nève et dans toutes les grandes villes de l’Europe. Ce ne sera qu’une simple protestation,— ils le savent;—mais cette protestation sera un moyen de se compter, un avis aux com munalistes des autres villes, une réponse aux instigations secrètes du comité de Londres. Qu’on y songe : les coinmuneux ont encore en main l’arme légale, le droit de voter ; on a pu leur enlever leurs fusils, mais ils ont gardé leurs bulletins. Comment résister à leurs phalanges dis ciplinées ? En leur opposant la ligue des conservateurs de l’ordre social. Iis ont cent mille voix? Cent mille voix de con servateurs suffiront pour les annuler, et il restera encore cent mille voix conserva trices pour constituer la majorité. Donc, aux urnes, et pas d’abstentions. Donnons cependant acte au Monde du conseil dont il gratifie les républicains. Suivant lui, l’abstention serait, de leur part, une preuve d’esprit et d'honnêteté. Ce serait un moyen de reconnaître leur inaptitude à gouverner. « Leurs program mes — dit-il — sont usés jusqu’à la corde ; leurs hommes, essoufflés par l'immense labeur que leur a donné la destruction presque totale de la France, ne sont plus bons qu’à se reposer dans ces grasses si nécures qu’ils se partagent d’ailleurs avec une munificence toute impériale. » Que leur parti au moins, pour leur don ner une leçon dont ils ont besoin, se retire momentanément des affaires et laisse la France se reposerde lui. Qu’il se recueille, prenne des idées nouvelles, laisse grandir les hommes d’une génération qui n’aura pas travaillé à nos infortunes. » Le Monde n’y met pas de douceur, on le voit; mais quand il se demande quelles idées nouvelles la République du 4 septem bre a-t-elle donc produites, et quels hom mes a-t-elle fait surgir? sa sévérité d’his torien est de l’indulgence auprès des coups de fouet de Y Univers. Ce journal, en effet, tape dur sur Paris et sur la République. C’est un petit résumé d’histoire moderne qu’il trace. En voici un extrait : C’est Paris qui a fait les Républiques de 17.13, de 1848 et de 1870. La première République n’a été qu'une succession de criminelles folies : la création des assignats, la destruction des pro vinces, la guerre déclarée à l’Europe, l’apothéose de Marat, le meurtre de la famille royale, les massacres de Paris, de Lyon et de la Vendée, la loi des suspects, la permanence de l’échafaud. La seconde République eût imité son aînée si les insurgés de juin avaient été victorieux, et, malgré leur défaite, elle faisait tant de peur et de mal, que la France presque entière acclama Napoléon fil comme un libérateur. La troisième République a été la plus fatale de toutes, et cela grâce aux hommes du I septembre, à la tête desquels figuraient les députés de Paris. fis veulent en vain rejeter sur l'empire toute la responsabilité de nos malheurs. L’histoire, implacable pour eux dans sa justice, pèsera chaque culpabilité, et un poids bien lourd écra sera les factieux du 4 septembre. L'empire, dans sa seconde phase, a préparé les castastrophes;... mais sans la république du 4 septembre, la France n’aurait jamais subi ni la paix de Versailles ni la destruction de Paris. Ces récriminations historiques ne sont, après tout, que des représailles, car les jour naux républicains ménagent peu, de leur côté, les monarchistes. Ils ont même in venté un cliché : ils les appellent depuis quelques jours de» « Mérovingiens ». Le Temps étudie la question électorale en se plaçant à un point de vue plus théo rique. il apporte même dans sa polémique un brin de subtilité; ses raisonnements sont d’une ténuité capillaire. Il proclame avec raison, mais, suivant nous, avec trop de circonlocutions, l’indispensable néces sité d’une politique « exclusive de tout es prit et de toute impatience de parti, pure ment et absolument nationale, et il sou haite ardemment que les élections pro chaines viennent fortifier cette politique. Il ne veut pas, surtout, qu’elles donnent « quelque apparence d’encouragement aux partis ; » or, il ne parle pas seulement des partis monarchiques, mais il attaque di rectement « ce parti républicain qui se...
À propos
Lancée en 1862, La France était un quotidien suivant une ligne éditoriale à la fois libérale et favorable au Second Empire. Durant la Commune de Paris, le quotidien publia également une édition départementale imprimée à Tours. En 1874, Émile de Girardin, fondateur de La Presse et grand entrepreneur médiatique également proche d’Adolphe Thiers et de Gambetta, rachète le journal. Sur quatre pages, on y écrit de longs articles, en plusieurs parties, qui s’étendent parfois même sur plusieurs jours.
En savoir plus Données de classification - quinet
- trochu
- napoléon
- vayson
- oscar de vallée
- gambetta
- edmond scherer
- ernest duvergier de hauranne
- labelonye
- edmond adam
- france
- paris
- versailles
- lyon
- bordeaux
- yonne
- europe
- londres
- gironde
- vendée
- la république
- l'assemblée
- parti républicain
- parlement
- m. f.
- colas
- vive la république