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La France, 15 septembre 1871

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La France
15 septembre 1871


Extrait du journal

pérance que cet accord ne sera plus troublé par les mésententes qui s’étaient produites, dans ces derniers temps, au sujet des impôts. Nous acceptons cet augure et ne voulons garder, du docu ment présidentiel, que le souvenir du grand travail de reconstruction nationale que nous promettent, d’une part, son dé but, de l’autre sa conclusion. ■ ♦ Voici le texte du Message du prési dent de la République qui a été lu dans la séance d’hier par le ministre de l’ins truction publique ; < Messieurs, » Le devoir du gouvernement, intéressé à la bonne distribution de vos travaux, au tant que vous êtes intéressés à la bonne distribution des siens, car les uns et les autres doivent tendre au bien commun du pays, le devoir du gouvernement est de vous faire connaître son sentiment sur la résolution qui vous est proposée. » Vous êtes réunis depuis près de huit mois, et ces huit mois, vous le savez, ont été aussi remplis que des années ! Conclure la paix, ressaisir les rênes du gouvernenement éparses ou brisées, transporter toute l’administration de Bordeaux à Ver sailles, dompter la plus terrible insurrec tion qui fut jamais, rétablir le crédit, payer notre rançon à l’ennemi, veiller chaque jour sur les incidents de l’occupation étran gère pour en prévenir les suites quelque fois très inquiétantes, entreprendre une nouvelle constitution de l’armée, rétablir nos relations commerciales par des négo ciations avec tous nos voisins, arriver en fin à la libération du sol, qui chaque jour s’avance, et essayer de rétablir l’ordre dans les pensées après l’avoir rétabli dans les actes, voilà, depuis près de huit mois, ce que nous faisons ensemble. Et vous sa vez que dans ce travail, si votre part est bien grande, la nôtre ne l'est pas moins. Or, après tant d’efforts, nous demanderions aujourd’hui un instant de repos au pays, que le pays serait trop juste, trop sensé, trop habitué lui-mème à mesurer la limite des forces humaines, pour nous le repro cher. » Mais ce n’est pas de repos qu’il s’agit. Mes collègues et moi, ce n’est pas du re pos que nous vous demandons, messieurs, c’est du temps pour travailler, pour prépa rer le sujet de vos délibérations de l’année prochaine; pour composer un budget nor mal s’il est possible ; pour achever la réor ganisation pratique de l’armée, celle qui consiste à reconstituer nos régiments, à leur rendre l’unité qu’ils ont perdue, à les 1 équiper, à les distribuer, à les armer; pour veiller à la marche de l’administration; pour la régler d’après vos vues et les nô tres; pour terminer les négociations qui doivent asseoir notre système commercial sur des bases fixes; pour continuer enfin ce travail infini et incessant de la réorga nisation d’un pays bouleversé par deux ' guerres affreuses au dehors et au dedans, i guerres sans exemple et dont les terribles | effets peuvent cependant être atténués par i notre commun dévouement. » Ce n’est donc pas, je le répète, pour nous reposer, c’est pour travailler que nous vous demandons du temps. Nous en prenons franchement devant le pays la responsabilité tout entière. » Mais vous, messieurs, n’avez-vous pas vos motifs pour interrompre cette longue ; session? Il faut rendre au pays les conseils i généraux, conseils de famille tout aussi indispensables que le grand conseil natio nal que vous formez ici. Il faut élire ces conseils, les réunir, ouvrir leur session qui n’a pas eu lieu depuis deux ans, et où tant de ruines sont à réparer, là comme ailleurs. » Or, vous, messieurs, qui presque tous avez été ou serez membres de ces conseils, pouvez-vous être indifférents à ce qui va se passer, indifférents à l’élection qui va leur rendre l’existence, indifférents à la direction de leurs travaux, à l’esprit qui présidera à leur marche, à l’application toujours difficile d’une législation nou velle? En un tel moment, pouvez-vous être absents? Et votre présence n’est-elle pas aussi indispensable dans vos chefs-lieux qu’à Versailles même? » Ce n’est pas tout encore. Vous ne pou vez représenter le pays avec vérité, avec autorité, qu’en l’observant bien, qu’en cherchant à reconnaître les modifications que le temps (et par le temps, ce sont les mois, les jours, les heures, qu’il faut en tendre aujourd’hui), que le temps, dis-je, produit en lui et qui doit régler notre pen sée, notre conduite, nos votes, enfin ! » Le pays nous voit agir, il nous entend parler, il nous juge ; il se fait sur toutes choses, son sentiment à lui, et comme il n’a pas une tribune pour l’exprimer, c’est dans l’intimité du foyer qu’il peut nous dire ce qu’il pense et ce qu’il veut. » Et puis, messieurs, parlons en toute franchise, et avouons, ce que, du reste, il est permis d’avouer, que nous sommes émus, profondément émus ! » Comment ne le serions-nous point ? Il s’agit, en ce moment, pour le pays, des plus grands intérêts imaginables. Il s’agit de régler son sort présent et futur. Il s’agit de savoir si c’est d’après la tradition du passé, tradition glorieuse de mille ans. qu’il doit se constituer, ou si, s’abandon nant au torrent qui précipite aujourd’hui les nations vers un avenir inconnu, il doit revêtir une forme nouvelle, afin de poursuivre paisiblement ses nobles desti nées. » Le pays, objet de l’attention passionnée de l’univers, sera-t-il république ou mo narchie? Adoptera-t-il l’une ou l’autre de ces deux formes de gouvernement qui di visent aujourd’hui tous les peuples? Quel problème plus grand fut jamais posé de vant une grande nation dans les termes où il se pose maintenant devant nous? » Je le demande, messieurs, est-il bien étonnant que ce problème nous agite ? Plus nous sommes sincères et plus nous sommes patriotes, plus il doit nous agiter. Et voyez, regardez les nations, elles sont presque aussi troublées que nous du spec tacle extraordinaire que nous leur don nons !...

À propos

Lancée en 1862, La France était un quotidien suivant une ligne éditoriale à la fois libérale et favorable au Second Empire. Durant la Commune de Paris, le quotidien publia également une édition départementale imprimée à Tours. En 1874, Émile de Girardin, fondateur de La Presse et grand entrepreneur médiatique également proche d’Adolphe Thiers et de Gambetta, rachète le journal. Sur quatre pages, on y écrit de longs articles, en plusieurs parties, qui s’étendent parfois même sur plusieurs jours.

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