Extrait du journal

parence d’un sourire. Elle avait vague ment espéré que l’âge et les irritations nerveuses la dispenseraient d’avoir à exé cuter l’ordre de son mari, et qu’elle n'aurait pas besoin d'aider la nature, selon l'hor rible euphémisme de Sydney Lowe. A tout hasard elle avait mis dans sa poche un petit cornet de papier contenant une très légère pincée de la poudre blanche, prête à agir ou à s’abstenir, selon les circons tances et l’inspiration du moment. — Combien je suis heureuse de vous voir bien portante, ma chérie !... J’étais si anxieuse, tout à l’heure, quand Lizzy m’a appris que vous n’étiez pas levée... Je souffre tant, dès que je vous vois malade... Vous savez si je vous aime ! — Je le sais, ma chère petite... Vous êtes ma seule consolation, et vous me faites presque oublier les* chagrins sans nombre que m’a causés ma propre niece. Si je ne vous avais pas près de moi, Patricia aurait certainement, par sa mauvaise conduite, abrège mon existence... Encore une fois soyez tranquille, je suis tout a fait bien... Seulement j’ai eu cette nuit un sommeil un peu agité ; j'ai fait des rêves étranges, bizarres, insensés... Mais à quoi bon s'y arrêter ? Comme dit le proverbe que me rappelait il n’y a qu’un instant M. Iiamley; Tous songes sont mensonges... La confiance la plus entière dans ceux qui nous entourent, l'ignorance absolue des dangers qui nous menacent ne nous mettent pas a l’abri des pressentiments. Soit dans la veille, soit dans le rêve, il y a des heures où les plus aveuglés entre voient vaguement quelque chose comme une faible lueur de ia vérité. Un instinct secret, inexplicable et inexpliqué, semble nous avertir qu’un abîme est sous nos pieds, qu’un orage est sur nos tètes... Les animaux, dépourvus de raison, ne mécon naissent jamais ces signes précurseurs et, guidés par leur flair, savent éviter a temps le péril annonce. Nous autres, avec notre...