Extrait du journal

Le besoin d’un ministre des finances se fait de plus en plus sentir ; toute la séance d’hier n’est qu’une démonstration de cette nécessité. Ni M. de la Bouillerie, malgré tout le zèle qu’il met à sa tâche de rapporteur ; ni M. de Goulard, malgré la cofhpétencc, non encore suffisamment éprouvée, que l’on est disposé à lui accorder, ne peu vent suppléer à l’absence d’un ministre spécial et effectif, ayant le sentiment de sa responsabilité et supportant, au nom du gouvernement, le poids de la discus sion quotidienne. Les votes et les fluc tuations de la séance d’hier montrent qu’il ne saurait suffire d’une apparition de M. Thiers pour trancher les graves questions de principe et de détail qui sur gissent à chaque pas; un ministre actif, expérimenté, ayant de l’autorité sur la Chambre, est absolument indispensable. Le vote du budget, d’ailleurs, prend de plus en plus le caractère d’un vote de confiance. Les amendements qui se pro duisent sont plutôt des indications pour l'avenir que des tentatives sérieuses de modifications dans le présent. Aussi, ne fait-on qu’en prendre acte, pour ainsi dire, et passer outre. C’est ce qu’avait demandé M. Thiers dans son discours dû vendredi. C'est, en outre, l’unique parti que comportent les circonstances, du moment où l’Assemblée ne veut pas recourir à l'expédient anormal de trois nouveaux douzièmes provisoires. Elle s’est nettement prononcée sur ce point, au début de la séance d’hier, en repoussant une proposition de M. do Janzé. Il n’y a donc plus qu’à vérifier rapidement chacun des chapitres, en recueillant au passage les notes et les explications du gouvernement qui peu vent offrir un point de départ à la dis cussion du budget de 1873....