Extrait du journal

n’en était pas moins produit, et Stella était heureuse d’avoir un juge de plus, et un juge si compétent de ses plus chers mérites. A vrai dire, i! avait un goût assez tin, beau coup de sentiment, et peu de science; mais il suppléait à ce qui lui manquait par celte expression pittoresque, colorée, vivante, bien capable di‘ faire illusion à ceux qui veulent bien se payer do mots» Et ceux-là ne for ment-ils pas toujours la majorité? Quoi qu'il en fût, M. de Maldive consolidait son inlluenee de toutes les façons à la fois; il avait su inspirer à Stella une confiance extrême dans ses appréciations; elle le prenait pour arbitre dans les cas douteux. Quand elle avait joué ou chanté, c’était son approbation qu’elle recherchait tout d’abord ; celait sa critique qu'elle redoutait par-dessus toutes choses. Cependant, malgré tant d’avantages que lady Mae-I.ean accordait à cet aimable Français, et dont la présomption de celui-ci ne demandait pas mieux que d'exagérer l’importance, il n’avait pas encore trouble lu paix de son cœur. En voyant entrer M. de Maldive, qu’il n'ai mait point, et précisément quand il désirait le plus être seul, Sergi éprouva un mouve ment d’impatience et de contrariété qu’il n’é tait.point assez habile pour dissimuler aux yeux clairvoyants de Stella. Aussi, quand ou annonça le Français, elle eut pour le tinsse un regard assez encourageant et un sourire qui lui disait clairement : « Fou que vous êtes! Ce n’est pas de ma faute s’il vient ici; que vous importe? Ne savez-vous point que vous n’avez rien à craindre ? » Mais Sergi avait une trop mince opinion de son mérite pour ne pus s’exagérer un peu celui des autres. Il se déliait trop de lui-mê me pour ne pas craindre jusqu’à l'ombre...