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La France, 19 septembre 1897

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La France
19 septembre 1897


Extrait du journal

Les d i plomates de la car rière se plaignent, non sans raison à notre avis, que les com binaisons de la politique intérieure leur prennent une partie importante des emplois qui leur appartiennent ou plutôt semble raient leur devoir appartenir absolument et exclusivement. Il est certain qu’il est bien inutile d’entre tenir à grands frais une armée de petits RicheUeu, au quai d’Orsay, d’imposer des examens prouvant que ceux qui les ont heureusement subis possèdent une aptitude et une culture spéciales, s’il est démontré qu’un fonctionnaire quelconque de l’ordre administratif peut occuper les plus hautes fonctions de la diplomatie par le seul fait qu’il a cessé de plaire ou qu’il s’est montré inférieur à sa tâche. Un préfet n’a pu, dans un seul départe ment, faire triompher la nuance politique du cabinet en exercice ; vite on le déplace, et on le charge de représenter, dans une cour étrangère, et devant toute l’Europe, l’ensemble de la politique extérieure de la Singulière compréhension des choses, en vérité, et qui explique bien l'infériorité, chaque jour plus notoire, de notre représen tation à l’étranger. L’ambassade de Londres est vacante par suite de la démission du baron de Courcel. Il y faut envover un de ces administratifs démonétisés. Tenez pour assuré que, tandis que les professionnels se récusent, aucun de ceux-là ne repoussera les offres qui lui se ront faites. N’ayant pu comprendre ce qu’il eût fallu faire dans son département, il ne comprend pas davantage sa disgrâce et, avec la même inconscience, il acceptera toute compensa tion jugée par lui bien inférieure, d'ailleurs, à son mérite. Or, l’ambassade de Londres est considérée parles hommes du métier comme un amas d’aiguilles. Impossible de faire un mouve ment sans se piquer. Dans l’opinion pu blique française, notre ambassadeur à Londres part avec une sorte de mandat im pératif de faire procéder à l’évacuation de l'Egypte, de faire prévaloir les droits de la France dans toutes les questions où sur gissent des difficultés internationales. Mais l'Angleterre,qui écoule encore assez poliment son interlocuteur quand il cause des choses de la vieille Europe, ne veut plus rien en tendre dès qu’il s’agit des questions colo niales, et ne permet même pas qu'il soit fait mention de l’Egypte. Dans ces conditions, que peut bien faire d’utile notre ambassadeur à Londres? Voilà pourquoi cetix qui savent repous sent cette coupe empoisonnée ; et puisqu’il faut qu’elle soit tenue, donnez-la à un ad ministratif inutile et encombrant. Ce sera une excuse, en attendant que les circonstances permettent à un personnage plus qualifié de faire connaître, avec auto rité, les volontés de la France. H. Hosteix....

À propos

Lancée en 1862, La France était un quotidien suivant une ligne éditoriale à la fois libérale et favorable au Second Empire. Durant la Commune de Paris, le quotidien publia également une édition départementale imprimée à Tours. En 1874, Émile de Girardin, fondateur de La Presse et grand entrepreneur médiatique également proche d’Adolphe Thiers et de Gambetta, rachète le journal. Sur quatre pages, on y écrit de longs articles, en plusieurs parties, qui s’étendent parfois même sur plusieurs jours.

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