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La France, 20 juillet 1914

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La France
20 juillet 1914


Extrait du journal

Si bien que se sente Robinson dans le do maine qu'il a conquis sur la nature, le jour vient nécessairement où il a envie d'en sor tir et de {aire une excursion aux environs. H façonne une barque de fortune et s'en va à la découverte. Dans le même état d'esprit, nous nous accommodâmes d'une voiture qui, de montées en descentes, nous amena à la mer qui est proche. Selon les saisons, même la moindre nuance dans les saisons, la ter re change d'aspect. Les champs ne sont pas les mômes, chevelus ou tondus de leurs moissons. La campagne est jaunissante, qui était verte ; grenue, qui était fleurie ; morte qui était vivante. La mer est toujours iden tique d elle-même, ou ne change qu'au gré des heures. Elle monte vers la plage ou elle se relire derrière les rochers qui poin tent, îlots noirs. Soleil ou nuages en diver sifient bien un peu l'aspect momentané, mais c'est la môme attitude fondaméntale : la mer est une grande horloge aux rouages merveilleusement réguliers. Il n'y a pas jus qu'à ses colères qui ne se produisent à fours fixes et dont l'amplitude ne soit marquée d'avance dans les almanachs. Elle n'en aura pas de notables d'ici l'équinoxe d'automne. Après avoir roulé scs vagues jusque vers les dunes, plus ou moins loin selon qu'en a décidé l'état de la lune, elle repart, revient, et toujours ainsi. Aux gens qui vont demeurcr-là jusqu'à la fin de l'été, elle sera en effet la vraie horloge de la vie, décidant des heures du repas et des heures du repos. Cette année les baigneurs, moins réguliers qu'ellc-môme, ne se sont pas pressés. Les chalets et maisonnettes ne s'ouvrent pas, la plage est encore un désert. Mais la mer qui monte suffit à l'emplir. On perçoit son murmure, ses vagues grossissent, et nous repartons, comme elle va atteindre son apo gée d'un instant. Remy de Gourmont....

À propos

Lancée en 1862, La France était un quotidien suivant une ligne éditoriale à la fois libérale et favorable au Second Empire. Durant la Commune de Paris, le quotidien publia également une édition départementale imprimée à Tours. En 1874, Émile de Girardin, fondateur de La Presse et grand entrepreneur médiatique également proche d’Adolphe Thiers et de Gambetta, rachète le journal. Sur quatre pages, on y écrit de longs articles, en plusieurs parties, qui s’étendent parfois même sur plusieurs jours.

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