Extrait du journal

Nous ne savons encore quel sera le dénoùment des tristes événements aux quels nous assistons. Mais il y a des laits qui ne relèvent point de l’ordre politique, et sur lesquels, à quelque parti que l’on appartienne, il ne saurait y avoir qu’un même sentiment de réprobation. Deux généraux ont été arrêtés et fu sillés. L’un d’eux, le général Lecomte, avait été fait prisonnier dans la matinée d’hier; le second, le général Clément Thomas, ancien commandant supérieur de la garde nationale, se promenait en habit de ville, quand il a été arrêté. Tous les deux, traduits devant un prétendu tribunal, ont été jugés, condamnés à mort et exécutés séance tenante. Il n’y a pas d’opinion politique qui puisse accepter la solidarité de pa reils attentats, et reconnaître à quelques individus, ne tenant leur mandat que d’eux-mêmes, le droit de prononcer la peine de mort contre des généraux dont le seul crime était d'avoir fidèlement rempli leur devoir militaire. Cest pour tous les partis un devoir de protester contre des exécutions qui, de quelles formalités qu’on puisse les entourer, ne sauraient dépouiller leur caractère odieux ; car aucun parti ne pourrait admettre contre lui-même une pareille justice, sous peine d'ouvrir la porte à de sanglantes représailles, qui ne sont plus de notre temps, ou plutôt qui ne sont d’aucun temps. La double exécution du général Clément Thomas et du général Lecomte doit être énergi quement réprouvée par les honnêtes gens de toutes les opinions, et elle pro voquera dans toute ia France la plus douloureuse impression....