Extrait du journal

Plus on voit agir la machine qui s’appelle gouvernement représentatif, plus on reste convaincu qu'elle repose sur une base fausse, même dans les idées de ses inventeurs. Quelle est celle base, en effet? La souveraineté du peuple. Or, consultez l'apôtre le plus fervent de cette souveraineté, J.-J. Rousseau ; il vous dira que la souveraineté ne peut être représentée, parla même raison qu’elle ne peut être aliénée; qu’elle consiste dans la volonté générale, et que la volonté ne se représente point. < Elle est la même, selon lui, ou elle est autre : il n’y a point de milieu. Les députés du peuple ne sont donc ni ne peuvent être ses représentons : ils ne sont que ses commissaires; ils ne peuvent rien conclure définitivement. Toute loi que le peuple en personne n'a pas ratifiée, est nulle, ce n'est point une loi. Le peuple anglais, ajoute-t-il, pense être libre; il se trompe fort; il ne l’est que durant l'élection des membres du parlement; sitôt qu’ils sont élus, il est esclave, il n’est rien. Dans les courts moments de sa liberté, l’usage qu’il en fait mérite bien qu'il la perde, » Il y a loin de celte maxime si tranchante de l'auteur du Contrat Social à l'admiration non moins dogmatique de Montesquieu, qui, après avoir établi que c'est des Germains que les Anglais ont tiré l'idée de leur gouvernement politique, s'exprime ainsi : « Ce beau système a été trouvé dans les bois. »...