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La France, 22 octobre 1869

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La France
22 octobre 1869


Extrait du journal

11 y a cinq mois à peine, sortaient de l’urne électorale, au milieu des acclama tions frénétiques et des cris de triomphe de la démocratie, les noms de quelques hommes portés par l’engouement popu laire à la représentation nationale et promus du même coup au rang de demidieux de la liberté. Un peu d’enivrement est excusable en pareille circonstance. Les nouveaux élus pouvaient et devaient se croire les chefs, désormais reconnus et tout-puissants, du parti qui venait de les exalter avec un si fougueux entrainement sur le pavois do la popularité. Us allèrent plus loin. Pour eux, ce parti devint toute la France. A voir leur attitude, à entendre leur lan gage, il eût fallu les accepter comme les seuls vrais représentants du pays, les seuls interprètes autorisés do ses vœux, les seuls arbitres de ses destinées. Leur entrée au Corps législatif, le 28 juin, fut moins celle de députés venant prendre possession de leurs sièges, que celle de tribuns du peuple se préparant à constituer, en face du pouvoir existant, un pouvoir nouveau, au nom de la volonté et de la souveraineté nationales. Peu leur importait de n’ôtre qu’une minorité presque imperceptible au sein du Corps législatif. Us s’appuyaient sur un mandat spécial et suprême, qui les mettait au-dessus des banales questions de nombre et de la vieille loi des majo rités. Us étaient la voix du peuple, et la voix du peuple est souveraine. Quelques semaines ont passé. Pour la première fois, ces maîtres de l'avenir viennent de faire l'essai de leur pouvoir; pour la première fois, ils veulent donner un mot d’ordre, non pas à la France dont ils n’ont jamais songé sérieusement à se faire écouter, mais à leur propre parti. Et dès cette première tentative, c’en est fait de leur retentissante suprématie. Du groupe même d’où ils sont sortis, leur répondent les récriminations les plus amères et les plus acerbes accusations. Leur autorité n'est pas seulement mé connue en fait ; elle est contestée en principe. On retourne contre eux la doc trine dont ils se disaient les grands-...

À propos

Lancée en 1862, La France était un quotidien suivant une ligne éditoriale à la fois libérale et favorable au Second Empire. Durant la Commune de Paris, le quotidien publia également une édition départementale imprimée à Tours. En 1874, Émile de Girardin, fondateur de La Presse et grand entrepreneur médiatique également proche d’Adolphe Thiers et de Gambetta, rachète le journal. Sur quatre pages, on y écrit de longs articles, en plusieurs parties, qui s’étendent parfois même sur plusieurs jours.

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