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La France, 23 août 1871

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La France
23 août 1871


Extrait du journal

Le conseil municipal de Lyon a eu hier les honneurs de la séance. On sait que ce fameux conseil, sorte de Commune au petit pied, aime à faire parler de lui, et qu'entre ses mains la seconde ville de France n’est plus que le théâtre des ex périmentations de la libre-pensée. N’at-il pas eu l’idée d’exclure, au mépris de la loi et de la conscience des familles, l’enseignement religieux des écoles communales? Lorsque le pays est encore couvert de ruines et que le deuil est dans toutes les âmes, son patriotisme n’a-t-il pas trouvé que le moment était opportun pour donner des fêtes, et n’at-il pas voulu associer la jeunesse des écoles primaires aux réjouissances pu bliques, en la conviant à de fraternelles agapes dans le plus beau jardin de la cité ! Ces agapes n’ont été qu’une orgie. Maîtres et élèves, maîtresses et jeunes filles ont offert, par leur tenue et leurs propos, par leurs excès allant jusqu’à l’i vresse, par un dévergondage sans exem ple dans des têtes si jeunes, un spectacle honteux, qui a profondément scandalisé tous les honnêtes gens, témoins dSifie si coupable profanation de l’enfance. Aussitôt que les détails de ces précoces saturnales, pour lesquelles le conseil municipal de Lyon avait voté une somme de 20,000 francs, ont été connus, un cri de réprobation s’est élevé de toutes parts. Ou s’est demandé quelle avait été l’atti tude des représentants du gouvernement à Lyon, et comment une telle violation de la loi et des sentiments de la popula tion avait pu se produire. La question a été portée hier à la tri bune par l’honorable M. Monnet, qui a été secondé dans son interpellation par M. le baron Chaurand et par l’adhésion de l’immense majorité de la Chambre. Bien que le ministre de l’instruction pu blique eût été prévenu, ses explications n’ont pas été bien brillantes. M. Jules Simon a dit que ses informations n’é taient pas encore complètes; cependant 11 a reconnu et blâmé, comme tout le monde, la violation de la loi. Eu ce qui concerne la fête des écoles, le recteur de l’Académie de Lyon et lui l’avaient dé sapprouvée. Mais que voulez-vous? en matière d’instruction primaire, le préfet est au dessus du recteur; c’est une dis position défectueuse de la loi, il en de mandera la modification. En attendant, c’était au préfet à autoriser ou à ne pas autoriser. Or, le préfet relève du minis tère de l’intérieur... On devine tout do suite. M. Jules Simon avait très habile ment profité de l’incident de la fête pour retirer son épingle du jeu et demander une remise de la discussion, M. le mi nistre de l’intérieur n’étant pas là. Mais la Chambre a retenu le débat, en dépit des protestations tumultueuses de la gauche. Elle exigeait une satisfaction. A la fin, M. Lambrccht, ministre de l’in térieur, est arrivé, et il a prononcé des paroles dont il est juste de lui tenir compte : « Je déclare, a-t-il dit, que la > fête a été fâcheuse dans sa pensée et > mauvaise dans son exécution. J’ajoute » qu’elle a été contre le but qu’on se pro> posait, et quelle aura pour résultat de > faire revenir bien des familles dans » les anciennes écoles, qui offrent aux > familles toutes les garanties quelles > sont en droit d’exiger. > Ce langage honnête a obtenu l’assentiment de l’As semblée. L ordre du jour pur et simple ayant été écarté, divers ordres du jour motivés...

À propos

Lancée en 1862, La France était un quotidien suivant une ligne éditoriale à la fois libérale et favorable au Second Empire. Durant la Commune de Paris, le quotidien publia également une édition départementale imprimée à Tours. En 1874, Émile de Girardin, fondateur de La Presse et grand entrepreneur médiatique également proche d’Adolphe Thiers et de Gambetta, rachète le journal. Sur quatre pages, on y écrit de longs articles, en plusieurs parties, qui s’étendent parfois même sur plusieurs jours.

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