Extrait du journal

("•est demain que la huitième Cham bre correctionnelle va connaître d’un procès scandaleux auquel nous n’avons pas jugé à propos, jusqu’à présent, de faire la moindre allusion. Il s’agit de M. le comte E. de Germiny, conseiller municipal de Paris, accusé d’attentat aux mœurs. Le liuis-clos, dit-on, sera prononcé dès le début de l’audience. Pourquoi ? Le magistrat qui préside à de tels dé bats est toujours en droit de provoquer cette mesure exceptionnelle au cours d’une séance, lorsque les détails donnés par certains témoins lui paraissent être d’une nature assez délicate pour qu’on les entoure de mystère ; mais ii n’y a pas de raison pour que l’on décide à priori que rien ne sera connu de l’af faire. Lorsque M. Ilouvier, député de Mar seille, fut poursuivi naguère sous l’in culpation d’un délit analogue à celui qui fait passer M. de Germiny du banc des défenseurs à celui des accusés, c’est au grand jour, c’est par tous que furent entendues l’accusation et la plaidoirie. Pourquoi donc en serait-il autrement dans cotte circonstance? N’cst-co point déclarer implicitement que M. de Germiny est coupable, que de fermer ainsi demain les portes de la salle d’audience ? Cependant, l’accusé,dit-on,nie les faits qui lui sont imputés, et le plus grand avocat du barreau de Paris s’est chargé de sa défense. Si la justice avait affaire en cette cir constance à un inconnu, personne sans doute ne songerait à se plaindre de telle mesure d’ordre oa de convenance qu’il plairait au magistrat d’ordonner ; mais il est impossible de méconnaître que l’affaire Germiny, comme l’affaire Rouvior, a revêtu un caractère particulier, que la publicité s’en est emparée, qu’elle a éveillé des passions, des soupçons, qu’elle sort ainsi de l’ordinaire et que les magistrats ne sauraient être trop soucieux de mettre dans tout son jour leur impartialité proverbiale. Ou a versé des torrents de lumière sur le cas de M. de Ilouvier. Pourquoi lais serait-on dans l’ombre celui de M. de Germiny ? — Ch. L....