Extrait du journal

M. Martin-Feuilléc, ministre de la jus tice, paraît avoir agi bien légèrement en réclamant, des Chambres, le droit de faire lui-même l’épuration de la magistrature, au lieu et place du suffrage universel. De tous les côtés, il est assailli de dénon ciations, — le mot est vilain, mais le fait est la conséquence de la loi absurde — contre les réactionnaires qui emplissent nos tribunaux. On ne le dit pas, mais cela se sent, et le garde des sceaux paraît être très embarrassé pour distribuer les 380 ré vocations qu’il a le droit d’opérer. Les conseillers d’arrondissement d’Arles n’ont pas voulu se donner l’odieux d’une dénonciation. Ils se sont réunis hors ses sion, et ils ont voté au grand jour une adresse au ministre pour lui demander le renouvellement radical du tribunal civil de Tarascon. Le Temps d’hier a protesté contre cette manière de procéder, faisant observer «jue cela revenait presque au système condamné de l’élection des juges. 11 est certain que les conseillers de l’arrondissement d’Arles préféreraient l’élection, qui leur permet trait de procéder eux-mêmes à l’extirpa tion qu’ils réclament. Dans la Justice de ce matin, M. Camille Pelletan répond, et entre autres arguments invoque la conduite des magistrats du Midi, en immense majorité légitimistes et cléricaux, sous les régimes du 2A Mai et du IG Mai. Il importe que l’insuffisance ridicule de la loi pompeusement appelée de réorgani sation de la magistrature soit amplement démontrée, sa non conformité avec les principes républicains étant d'ores et déjà établie. Pour cette raison, nous voudrions voir beaucoup de conseillers d’arrondisse ments, de conseillers municipaux et de conseillers généraux suivre l’exemple qui vient d’être donné à Arles. Cii.-M. L....