Extrait du journal

L’Angleterre est livrée à une agitation perpétuelle, qui de loin donne à ce pays l’aspect d’un état en révolution. Mais s’il prend à quelque observateur politique la fantaisie de visiter ce volcan, il est tout étonné de ne rien voir, de ne rien entendre. A Londres, une association formidable s’est formée contre la loi des céréales, elle a tenu des séances. Dans les grandes villes manufacturières, il y a eu des meetings; de grosses sommes ont été amassées à la suite de ces assemblées; des cours d’économie spéciale ont été ouverts. Il est impossible; se dit-on, qu’un aussi grand mouvement s’opère sans commotion. Hélas! les curieux en.sont pour leur peinet Les réunions se tiennent dans quelques-unes de ces énormes salles si communes en Angleterre. Les novateurs les plus furibonds arrivent à pied ou en omnibus; vous les voyez se hâter paisiblement. C’est à peine si vous apercevez quelque préoccupation dans la démarche impassible du policeman, qui erre le nez au vent sur le trottoir. La tempête, tempête de paroles et de déclamation, s’élève et se calme dans le même lieu ; rien ne transpire au dehors; on se sépare comme on s’était réuni sans bruit, vous n’apercevez pas même la trace d’un rassemblement. Ainsi à Dublin, où s’instruit le procès semi-avorté d’O’Connell, il n’y a pas apparence d’agitation. Et pourtant, il y a dans l’association contre la loi des céréales, comme dans l’association irlandaise, une cause incessante et profonde de perturbations et de ruine pour l’Angleterre....