PRÉCÉDENT

La France, 25 août 1871

SUIVANT

URL invalide

La France
25 août 1871


Extrait du journal

la Gaule, et surtout Lutèce, avaient ado ré les déesses mères. C’est elle, on peut le dire, qui leur ouvrit la vraie croyance. 11 fallut faire, il est vrai, quelques con cessions à l’ancienne, laisser quelques attributs survivre, et parer l’adoration nouvelle des débris de celle qu’elle dé trônait. O il vit même souvent, et pendant des siècles, comme nous l’avons déjà montré, la routine païenne se perpétuer à ce point, chez les vieilles femmes, que l’adoration de la Vierge leur semblait possible, sans impiété, devant les anti ques statues de Cérès ou d’Isis; la pieuse substitution ne fut pas moins complète, avec ce qu’elle apportait do plus pur et de plus divin. Il est difficile, quand il reste encore un peu de conscince et de cœur chez un peuple, de le rendre tout à coup oublieux pour ce qu’il a aimé, ingrat pour ce qu’il a révéré. Il adore plus vite ce qu’il brûlait, qu’il ne brûle ce qu’il adorait. Le christianis me aurait donc manqué à l’une do ses vertus de douceur et d’indulgence, s’il eût trop brutalement brisé, sans eu rien laisser survivre, tout ce qu’il venait rem placer, et s’il n’eût, en bien des cas, pré féré le compromis à la violence. Le serpent d’Isis laissé sous les pieds de la Vierge; la teinte noire qui chez quelques madones, comme à Chartres, à Einsicldcn, et en bien d’autres endroits, fait revivre sur le Iront de Mario la cou leur de la déesse d’Egypte : sont do ces concessions, de ces compromis laits, par l’indulgence du nouveau culte, aux entê tements routiniers du culte ancien, qui ne consentait à mourir que s’il s’éterni sait par quelque chose ; qui, détruit an fond, se croyait sauvé par ce qui reste rait do ses anciennes formes. Il est à Paris un monument bien cu rieux do la perpétuité do ces attributs païens, mêlés aux choses saintes. C’est un vieux tableau qui se voit à l’église Saint-Merry. Il représente la patronne de Lutèce, Geneviève, en bergère déjà devenue sainte, gardant ses brebis, l’au...

À propos

Lancée en 1862, La France était un quotidien suivant une ligne éditoriale à la fois libérale et favorable au Second Empire. Durant la Commune de Paris, le quotidien publia également une édition départementale imprimée à Tours. En 1874, Émile de Girardin, fondateur de La Presse et grand entrepreneur médiatique également proche d’Adolphe Thiers et de Gambetta, rachète le journal. Sur quatre pages, on y écrit de longs articles, en plusieurs parties, qui s’étendent parfois même sur plusieurs jours.

En savoir plus
Données de classification
  • lutèce
  • gladstone
  • gambetta
  • penant
  • thiers
  • cérès
  • duc jean
  • voltaire
  • de bismark
  • drouyn de lhuys
  • paris
  • allemagne
  • autriche
  • londres
  • france
  • berlin
  • europe
  • irlande
  • vienne
  • suisse
  • isis
  • parlement
  • une assemblée
  • assemblée nationale
  • chambre des communes