Extrait du journal
réveil, ils se trouveraient en présence de dures réalités et de conséquences particulièrement graves qu’aurait en traînées leur erreur ou leur lâcheté. Mais quel est donc le vrai Jaurès ? A la commission de l’armée, lors de la discussion de la loi de trois ans, il dé fend un système qui n’est pas le nôtre, certes, mais tout en nous combattant, il fait preuve, dans sa conception, du désir d’organiser la défense nationale. Au congrès socialiste, il recommande la grève générale en cas de guerre ; il rend la mobilisation impossible, il dé sorganise. Lequel croire ? L’orateur de la com mission ou l'orateur du congrès ? « La grève générale préventive ? lais« sez-moi rire », s’écriait encore Com père-Morel au congrès. Laissez-moi m’attrister, aurais-je dit. Avant de prêcher l’union entre tous les peuples, œuvre digne, certes, de tous nos efforts, il serait préférable de voir l’orateur socialiste travailler à l’u nion de tous les citoyens. Tant que l’on conseillera et encouragera la lutte de classes dans noire pays, nous ne pour rons rien faire pour la réconciliation universelle. Ce n’est pas par l’entente d’une seule catégorie de citoyens de chaque pays que nous unirons les nations. Les peu ples ne seront réellement pénétrés de l’amour de l’humanité et du haut devoir qui s’impose à eux de maintenir la paix universelle que si leurs efforts ré ciproques sont accomplis à l'abri de la paix intérieure. Travaillons d’abord à cela, en entre tenant des relations amicales avec les nations voisines. Oui, rapprochons, petit à petit, différentes catégories de citoyens pour entraîner les autres ; mais faisons-lc avec dignité, avec hon neur, sans commettre de lâcheté, ni de crime de lèse-patrie. La République a répandu dans le monde ses idées généreuses, qui font sa gloire, grâce à son bon sens et à son autorité ; n’allons pas la compromettre moralement, laissant croire qu’elle n’est pas capable de comprendre son devoir et de défendre âprement et éner giquement son sol et ses libertés. La grève générale, c’est l’abandon de tout, c’est la trahison, c’est la lâcheté, c’est le crime. Il n’est pas possible que les travailleurs qui ont si conscience de leurs droits oublient leurs devoirs. Républicains, ils entendent le rester et tout faire pour garder leurs libertés et ne pas subir la férule du vainqueur. Ils ne voudront pas compromettre le pro grès social vers lequel ce pays marche avec la joie légitime d’améliorer le sort de ceux qui contribuent à faire sa gran deur économique. Et si je songe avec tristesse et mé lancolie au vote du congrès socialiste, j’ai tout de même foi en la sagesse de mon pays et en son avenir. HENRY PATE, Député de Paris....
À propos
Lancée en 1862, La France était un quotidien suivant une ligne éditoriale à la fois libérale et favorable au Second Empire. Durant la Commune de Paris, le quotidien publia également une édition départementale imprimée à Tours. En 1874, Émile de Girardin, fondateur de La Presse et grand entrepreneur médiatique également proche d’Adolphe Thiers et de Gambetta, rachète le journal. Sur quatre pages, on y écrit de longs articles, en plusieurs parties, qui s’étendent parfois même sur plusieurs jours.
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