Extrait du journal
comparé à l’état de civilisation inauguré par les traités. Il ne saurait donc s’ap pliquer, en théorie du moins, qu’aux pays lié» aveo nous par des relations lointaines et intermittentes. A l’égard de ces pays peu commerçants ou trop en dehors de notre sphère d’activité, stipu ler des conventions particulières semble inutile : on s’en tient à la règle pure ment défensive, aux droits protecteurs de notre industrie, établis en prévision de toute éventualité. Quoi de plus naturel dès lors que d’envisager d’abord l’hypothèse la plus ordinaire, celle des traités, pour songer ensuite à l’exception, c’est-à-dire à l’ab sence de relations suivies et d’intérêts communs entre les nations ? On peut nous répondre, il est vrai, qu’aujourd’hui la partie est engagée, qu’il faut voter, bon gré mal gré, le tarif général des douanes. Nos contradicteurs ne manqueront pas non plus d’ajouter, nous le savons, qu’en cas de cessation brusque des traités un tarif général est toujours nécessaire, et que c’est seule ment après l’avoir discuté pied à pied, article par article, après avoir passé en quelque sorte la revue de toutes les par ties faibles ou fortes de notre industrie nationale, qu’il sera possible de négocier en connaissance de cause avec les pays voisins. Mais ce dernier argument n’est que pour la forme et nous touche médiocre ment. Si le tarif général est sur la sel lette, s’il occupe aujourd’hui le premier plan de la discussion, c’est que les pro tectionnistes l’ont exhumé des greniers du ministère du commerce pour le jeter comme une barrière infranchissable sur les pas des faiseurs de traités. C’est un obstacle savamment préparé par leurs mains, un engin de guerre dont ils ont augmenté la puissance par leurs déposi tions devant les Commissions d’enquête. En faire la préface des conventions que nous pourrons conclure avec les autres nations, c’est peut-être une nécessité de la situation, mais c’est, assurément, un défi ironique à la logique et au bon sens. Les protectionnistes étaient dans le vrai en demandant à la fois le vote du tarif général et le non-renouvellement des traités. C’est un dilemme dont les deux termes s’excluent l’un l’autre, et dès que les traités sont possibles, par ce seul fait le tarif devient embarrassant ou inutile. De deux choses l’une, en effet : ou le tarif est trop modéré; mais alors à quoi bon traiter? Les pays étrangers profitent des avantages que nous leur offrons bé névolement, sans être tenus à la réci procité; les intérêts de notre industrie nationale se trouvent ainsi gravement menacés; — ou le tarif est trop élevé; mais, en ce cas, ses effets sont annulés par les conditions iparticulières que nous sommes obligés de consentir aux nations contractantes. En résumé, qu’on discute le tarif gé néral, nous n’y faisons aucune opposi tion, puisque cela est désormais inévi table. Mais si l’on entend persévérer résolûment dans la voie ouverte par les traités de 18G0, si l’on ne consent pas à abandonner 1 état de civilisation pour retomber a l’état de nature, une telle discussion, — il ne faut l’oublier, — ne saurait avoir une grande portée pratique et retarder indéfiniment la solution ré clamée à grands cris par le commerce français. Paul Bonnaud...
À propos
Lancée en 1862, La France était un quotidien suivant une ligne éditoriale à la fois libérale et favorable au Second Empire. Durant la Commune de Paris, le quotidien publia également une édition départementale imprimée à Tours. En 1874, Émile de Girardin, fondateur de La Presse et grand entrepreneur médiatique également proche d’Adolphe Thiers et de Gambetta, rachète le journal. Sur quatre pages, on y écrit de longs articles, en plusieurs parties, qui s’étendent parfois même sur plusieurs jours.
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