Extrait du journal

suppression définitive de toute manifesta tion à bord des flottes,étrangère*. Ce serait encore le meilleur moyen de mettre tout le monde d’accord. . M. Baudin, n'avant peut-être pas songé à cette solution, a envisagé l’autre, celle qui consiste à ne pas isoler la France dans une manifestation d’ordre international. Il est bien certain que, considérée sous cet angle, sa circulaire peut se défendre. Les nations, comme les individus, sont tenues à certaines règles de politesse. Quand je suis invité à l'enterrement d’un catholique, d’un protestant ou d’uu Israélite, je ne me crois pas obligé de rester à la porte de l'église, du temple ou de la synagogue, par ce que je suis libre-penseur. Ma présence à la cérémonie religieuse ne constitue point un acte de foi, mais bien un geste de poli tesse pour le monde, d’amitié envers le mort, de déférence à l’égard de sa famille. Ce qui fait que les cagots sont haïssa bles, c’est qu’ils n’ont point, comme nous, celte belle conception de la liberté. Donc, en se plaçant à ce point de vue, M. Baudin peut se défendre. Mais où il aura la riposte ironique et belle, c'est s’il attaque la question générale du Vendredi saint, non plus au point de vue internatio nal, mais dans les manifestations d’ordre très national. — Eh ! quoi, pourra-t-il dire, vous me reprochez de faire mettre quelques drapeaux en berne, sur des mers lointaines, parmi des peuples fanatiques, mais vous oubliez, messieurs, qu’en l'an de grâce 1013, comme en 100G sous Clemenceau, et en 1904 sons Combes, nos quatre théâtres nationaux se sont associés au deuil du Vendredi saint, e i mettant non point leurs drapeaux en berne, mais en faisant relâche les jeudi, vendredi et samedi de la semaine sainte. Je serais curieux de savoir ce que répon dront tous ceux qui attaquent si fortement M. Baudin à l'heure actuelle. Quant à moi, autant ie trouve insignifiante et anodine la manifestation de quelques navires en Orient, autant je trouve incompréhensible la fermeture de nos théâtres nationaux pen dant les jours sainte. Oui ou non, la République est-elle laïque ? Armand Charpentier, Vice-président de la Fédération radicale et radicale-socialiste de la Seine....