Extrait du journal
désireuses de les conserver; elle se serait faite sans bruit, sans trouble et sans pé ril. D’autre part, — car il faut tout prévoir, — si les circonstances politiques nous avaient forcés d’ajourner toute conversion, notre crédit public serait demeuré dans son entière solidité; et si, enfin, mettant les choses au pire, les événements nous avaient contraints à recourir de nouveau à l’emprunt, le parfait classement des ti tres anciens aurait rendu possible l’émis sion de titres nouveaux à un taux très fa vorable pour le pays. Au lieu de cela, au lieu d’attendre le progrès du temps tt de la raison, qu’a-t-on fait? Qu’ont fait nos grands financiers, nos grandes institutions, tous ceux enfin qui se donnent la mission de tracer la voie et de diriger le public capitaliste? Ils se sont rués sur le marché, criant : A la conversion ! comme on crie : Au feu! achetant du Trois et vendant du Cinq, comme si, en effet, la conversion était à leurs trousses, tandis qu’ils savent très bien que le moindre caprice d’un Mourad quelconque suffirait pour la rendre de longtemps impraticable. A voir leur em pressement et leur terreur factices, le pu blic a fini par se laisser affoler à son tour, et, lui aussi, il s’est mis à vendre le Cinq qu’il possédait et à acheter plus de Trois qu’il n’en voudrait garder. De telle sorte, que nos titres de rentes sont sortis des portefeuilles sérieux pour passer dans les mains des agioteurs au jour le jour et à la petite semaine ; de telle sorte, enfin, que lorsque la conversion se présentera réelle ment, elle ne trouvera devant elle que des gens peu sûrs d’eux-mêmes et qui ne de manderont qu’à s’en aller. Sous prétexte de préparer la conversion, on a bouleversé le terrain et creusé des précipices ; c’est à se demander aujourd’hui si un ministre des finances osera de longtemps songer à une opération de cette nature et de cette gravité. Si les événements politiques venaient à nous donner des inquiétudes, ou si une dure nécessité nous forçait à rouvrir le Grand-Livre, quelle chute, quel sauve-quipeut! Jamais une force plus grande n'aura été plus mal employée. A en juger d’après les dernières Bour ses, tout ce remue-ménage malsain n’aura servi qu’à deux choses : déclasser nos deux rentes, le Trois et le Cinq, et classer le 5 0/0 italien, en appelant vers lui les capitaux qui cherchent les bons rende ments et les placements tranquilles. Mauvaise besogne pour notre pays. JUSTIN DROMEL....
À propos
Lancée en 1862, La France était un quotidien suivant une ligne éditoriale à la fois libérale et favorable au Second Empire. Durant la Commune de Paris, le quotidien publia également une édition départementale imprimée à Tours. En 1874, Émile de Girardin, fondateur de La Presse et grand entrepreneur médiatique également proche d’Adolphe Thiers et de Gambetta, rachète le journal. Sur quatre pages, on y écrit de longs articles, en plusieurs parties, qui s’étendent parfois même sur plusieurs jours.
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