Extrait du journal

mélodiques de la pensée du compositeur. Cazeaux a chanté le solo du grand-prê tre avec l’autorité qui appartient à son talent; les chœurs l’ont parfaitement se condé. On avait exécuté au commence ment du spectacle l’ouverture île Sémiramis; vers lu fin, en guise d’introduction ou 3e acte de Moïse, on a dit l’ouverture de Tannltaüser : la nuit et le jour, le chaos et l’harmonie. Je n’y mets pas de mauvais vouloir, et c’est avec un religieux recueil lement que je cherche à pénétrer le sens de cette étrange musique. Je sais que dos résistances éclairées ont cédé devant quel ques pages de choix de l’œuvre wagnérien; je voudrais pouvoir élargir à mon tour le cercle de mes jouissances <-t ne pas fer mer mon cœur et mon esprit à cette note excentrique et puissante ; mais une; répulsion instinctive, mêlée d’irrita tion ne larde pas à s’emparerdemoi à l’au dition des œuvres de ce hardi novateur. Lo talent est hors de conteste; Wagner tire d’un orchestre une formidable sonorité; ses successions d’accords sont parfois d’une prodigieuse richesse; il fait grand; il y a même par-ci par-là des éclaircies charmantes, comme des oasis dans le désert. Mais dans ces divagations mélo diques et harmoniques, je cherche en vain un plan logique, un enchaînement sensible dans les idées : des lueurs de raison, de bon sens, apparaissent au mi lieu de signes de délire, de démence gé niale, si l’on veut; non licet omnibus; mais enfin, je ne me sens pas en face d’une de ces grandes manifestations du vrai, du beau, rien ne me révèle ce je ne sais quoi qui illumine une œuvre et lui fait comme une auréole avant même qu’on ait pu en analyser, en reconnaître toutes les beautés partielles. Richard Wagner a été amené, ne pouvant trouver naturellement la mélodie ni dans son cœur ni dans sa tête, à la remplacer par...