Extrait du journal

Je n'aime pas les jours de fêtes qui se célèbrent durant les rigueurs de l'hiver sous les cieux éteints, sous les bises glacées. En ces temps-là, plus que d'ordinaire, mon âme s'éveille, se tourmente, se lamente des joies en surface et des douleurs cachées. La disproportion entre ceux qui possèdent t; ceux qui n'ont rien s'accentue en vigueur. La terrible question de l'injustice des destinées d iverses consterne nos esprits enclins à l'équité, nous fait douter de la Providence et le : Pourquoi? monte du fond de nos cœurs jusqu'à nos lèvres. — C'est la tête de mort couronnée de roses fraîches qui présidait aux festins de nos aïeux. Pour eux, elle n'était qu'un rappel à la brièveté de la vie, et un appel aux jouissances immédiates ; pour nous, rêveurs, songeurs, poètes, chercheurs d'idéal, altérés du désir d'un au-delà problématique, d'une existence immortelle continuée à travers les siècles à venir, nous souffrons en nous-mêmes, blessés dans nos espérances vives, dans l'ardeur intense de nos vœux, en réfléchissant que si vraiment le Dieu qu'on nous apprit, en notre enfance, à prier à genoux, existe dans sa céleste demeure, au sein de ses innombrables étoiles, et de ses soleils épars, Dieu bon, Dieu secourable, Dieu juste, comment peut-il permettre que tant d'êtres qui n'ont pas demandé le bienfait douteux de l'existence errent sous des cieux fermés, en proie à d'inguérissables, d'inéluctables douleurs......