Extrait du journal

A gauche, comme un nœud de moire la Seille déploie le double ruban de ses eaux —attache ravissante : molle, invincible et pleine de frissons,quilie la cité... et,à la pointe de St-Louis-en-l'Ileun bouquet d'arbres secoue sur le fleuve, par toutes ses branches plus blondes encore que vertes, le pollen léger des bourgeons. Et c'est, en cet étroit horizon de pierre, en cette atmosphère faite de clarté fluide et de brume montant de l'eau et tombant des nuages, c'est la plus étrange apparence d'architecture fantômale estompée et découpée, en dessin aérien d'un impalpable modelé. Tout ce décor de fond du cœur de Paris, est indiciblement doux; envahi d'ombre, de tristesse, de paix mélancolique et miraculeuse, il glisse au sommeil, à la nuit, — et presque, semble-t-il, - à la mort et à l'éternité... L'âme, à ce paysage noyé, se serre de tendresse, de regret... mais, rapide, bondissante, — bien humaine, — se détourne, et les yeux vont à la façade enflammée du palais; vitres rouges et balcons d'or, Triomphe d ApolIon , enlevé en traits violents par dessus...