Extrait du journal

' “Je vais prêter le serment olympique1* « Nous jurons que nous nous présentons aux Jeux Olympiques en concurrents loyaux, respectueux des règlements qui les régissent et désireux d’y participer dans un esprit chevaleresque, pour l’hon neur de notre pays et la gloire du sport. » J ai perdu I appréhension qui saisit le dé butant. Les grandes feules m’émeuvent dans leurs élans spontanés mais me sont indifféren tes aussitôt qu’elles sent calmes. J’aime la houle qui les agite, leurs remous incessants, leurs vagues de sentiments naturels. Mais je ne les crains pas. L athlète peut être timide en dehors c!u stade, car les oripeaux de notre civilisation qu il revêt au sortir de l’arène troublent son esprit et i inquiètent. Masquant ses fermes sous des prétextes de décence, étouffant ses sentiments pour paraître échapper à 1 * instinct. obligé de ne jamais découvrir entièrement ses gestes pour ne pas donner prise aux ennemis permanents qui l’enveloppent de toutes parts et le guettent, souvent l’athlète perd de son assurance au fur et à mesure que disparais sent ses points de contact avec la nature. A- homme civilisé réapparaît. Il croit avoir fait un bo ci extraordinaire dans les espaces eu savoir, avoir ainsi échappé à la crainte qui forçait le; premiers hommes à se cacher à peine vêtus au plus profond des cavernes, il n’a fait que changer de maître, car aussitôt qu’il réfléchit, l’homme est envahi par le cloute. Au milieu du stade, l’athlète nu n’a peur ni ne doute. Il connaît tous les éléments qui l’entourent. Il sait exactement pourquoi il s’y tiouve. Ses gestes sont parfaitement définis. Il sait aue ses actions répondent à des don nées positives et à des sentiments profond*. A partir de samedi, l’honneur des pays ei la gloire du sport seront en jeu. Il ne peut faire de cloute que les athlètes de toutes le* races du monde présents cur la verte pelouse du Stade de Colombes, nouveaux chevaliers d'une croisade moderne partis à la conquête d’un même idéal, frères rendus égaux par les mêmes seniimexts qui les animent et les rayons de Tunique soleil qui ont presque uniformé ment bronzé leur peau, déclarent sincèrement, par ma bouche, « participer aux Jeux Olym piques dans un es put chevaleresque ». L’athlète olympique, durant de longues années, a appris à se connaître et à connaître les cléments qui déterminent l’harmonie du stade. Quelle que soit sa souche, n’importe que! de me.-, camarades était en mesure de. prêter sans broncher le.serment olympique. L’habitude des gradins blancs couverts de inonde, des vents qui saisissent le muscle, du gazon plat et ovale, de la chaleur qui envahit le corps avant ! effort, du contact sec de la pr-le, du soleil qui brûle, empêche les regards des milliers de spectateurs de pénétrer jusqu'à vous-même. S’il n’y avait que des centaines de nulle yeux fixés sur l’athlète, il garderait quand même l’impression d’être nu et seul dans le stade. Voilà pourquoi, sans hésitation, je me diiii.crai vers la tribune principale et que, d’une voix franche, je déclarerai, au nom des ath lètes présents : « Nous jurons que nous nous présentons aux Jeux Olympiques en concur rents loyaux, respectueux des règlements qu: les régissent »....