Extrait du journal
42* Année - N* 7821 - 25' (Abonnement : Un mois, 8 franco.)' LA CRISE DE LA PÊCHE Autant que Saint-Jean-de-Luz tous les ports sont atteints Parmi les crises, de toute nature, qui se sont abattues sur l'économie fran çaise, celle de la pêche est une des plus inquiétantes, parce quelle sévit depuis de longues années, à l’état presque endé mique, et parce que sa prolongation risquerait — on peut le craindre — d’entraîner de graves répercussions poli tiques et sociales. Le pêcheur de nos côtes, et surtout des côtes bretonnes, n’a pas seulement à lutter contre la tempête, qui, périodi quement, décime les flottilles et prélève sa dîme de victimes du devoir. 11 connaît, depuis trop longtemps, la misère, l'in certitude du lendemain, l'incohérence d'une situation économique où il se sent ballotté, aussi impuissant que sa petite barque sur une mer déchaînée. 11 serait vain de dissimuler la triste réalité : un grand nombre de familles, de six, sept personnes ou davantage, parmi cette robuste et vaillante race, une des rares qui donnent encore des fils nombreux au pays, — n'a guère plus de 1.500 à 2.000 francs par an pour vivre. C’est le gain moyen d'un pêcheur de sardines. Aussi la colère gronde-t elle souvent dans ces milieux rudes, étran gers aux subtilités de l'économie poli tique. Certains jours, comme l’an der nier, à pareille époque, les touristes, effrayés, turent témoins d'une scène inouïe : les rues entières de SaintGuénolé étaient, pour ainsi dire, pavées de sardines jetées qui n'avaient pu être vendues aux usiniers, et qui avaient été lancées sous les roues des automobiles, qu’elles étaient ainsi obligées de touler. Tantôt, en effet, la mer, déchaînée, ne donne rien à l'homme qui cherche à la dompter pour y trouver sa nourriture. Tantôt, au contraire, elle produit trop, et ses dons magnifiques doivent être rejetés, parce qu'ils ne seraient rému nérés qu’à vil prix. Le pêcheur est alors menacé de mourir de faim sur son tas de poissons invendus, comme le feimier américain sur ses meules de blé. et le planteur du Brésil sur ses sacs de café. La production totale française en sardines n'atteint que rarement 200.00.) tonnes par an. Il semblerait qu’un pays aussi riche que ia France devrait se contenter de ce stock. Krreur. Les sta tistiques de 1051, à l’article sardines, révèlent une importation de 55.804 ton nes, et une exportation de 4.128 tonnes. Par quei mystère sommes-nous obligés d'acheter des sardines étrangères, alors que les sardines françaises, excellentes, ne sont même pas toutes consommées V Ort peut faire les mêmes constatations troublantes pour d'autres poissons, par exemple pour le merlus, roi du marché de Paris, baptisé pour la capitale « co lin », et considéré, par un grand nombre de consommateurs, comme l'unique poisson de mer, hors lequel aucun autre n’est mangeable. L'apport en merlus n considérablement diminué : il est passé de 157,5 milliers de tonnes en 1022 à 104,0 milliers de tonnes en 1050. Mais les autres poissons ont, au con traire, généralement progressé, puisque le total en poisson frais (merlan, raie, mulet, pleuronectes, divers) est passé de 450,7 milliers de tonnes, en 1022, à 1-22,0 milliers de tonnes en 1050 — ce qui, par parenthèse, ne semble pas rêvé 1er une inquiétante dépopulation des fonds. Cela n’a point empêché, en t<>51, l’entrée en France de 27.000 autres tonnes de poissons frais, d'une valeur estimée à une soixantaine de millions de francs. On pourrait en conclure que la France manque de poisson, puisqu’elle a besoin d'en importer d'aussi notables" quantités. Mais quand on lait remarquer aux gens du métier que ces excédents d'importa tions, s'ils étaient pêchés par les Fran çais, pourraient légitimer l'activité de soixante dix navires de pêche supplé mentaires, ceux-ci s'écrient qu'ils ont bien du mal à vivre, que 1-e poisson se vend mal en France (surtout en province où il est. en moyenne, 50 % plus cher qu'à Paris), et eu’il serait dangereux de développer la production. Les centres de la grande pêche sont encore plus gravement touchés. A Saint Malo, Fécamp. Paimpol, la Rochelle. Saint-Jean-de-Luz, la crise dure depuis six ans. L’exode des « Terre-Neuvas », beaucoup moins nombreux oue par le passé, jusqu'au Groenland, n'a que par tiellement porté remède à la situation très compromise de l’armement. La France « produit » une movenne de 50.000 tonnes de morue. Elle en consomme à peine la moitié. (Lire lu suite page 2, colonne G). Lire en deuxième page : Ramuntcho Par Pierre LOTI...
À propos
La Gazette de Bayonne de Biarritz et du Pays basque fut un quotidien régional publié entre 1923 et 1940. Son propriétaire Richard Chapon contrôlait alors un vaste réseau de publications en Aquitaine, dont La Petite Gironde. La Gazette de Bayonne de Biarritz et du Pays basque y piochait parfois des articles, voire des rubriques entières. Son contenu est, à l’exception de la troisième page, identique à celui de La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, publication jumelle.
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