Extrait du journal

Ce premier dimanche de Décembre a été brumeux, venteux et frais. Conforme, on peut dire, aux prévisions. - Malgré cela, la promenade de la Plage a reçu, dans I après-midi, la visite de ses ha bitués de chaque jour auxquels s’étaient joints ses habitués du dimanche. Mais les fauteuils et les chaises rangés, comme à l'ordinaire, sous le préau, ne con nurent point d’amateurs. Les promeneurs allaient et venaient sans s’arrêter. A la tombée du jour, les cinémas s'empli rent d une foule joyeuse et heureuse d’ap plaudir des films aussi nouveaux que sen sationnels. La place Saint-Martin, qui est à son or dinaire si calme, devient chaque dimanche quelque chose de très animé et de très vi vant et qui garde encore ce caractère long temps après que les offices religieux sont terminés. Il y a là des grandes personnes, des pe tits garçons, des petites filles et des mar chands de bonbons ambulants dont les char rettes sont méthodiquement dévalisées. Et tandis que les petites filles sautent à la corde, les petits garçons jouent aux billes ou contre le mur à la balle mais, sans que jamais fusion s’établisse entre les deux sexes. Ils sont, en effet, les uns et les autres à un âge où garçons et filles ne s’approchent guère que pour se .fourrer des coups. 1! était une fois une gente Parisienne ve nue à Biarritz pour s’amuser. Habituée à la grande vie, ait luxe et à la bonne chair, tout naturellement elle était descendue dans un des premiers hôtels. Et là elle s'était fait donner ce qui pou vait exister de mieux comme appartement ayant vue sur la mer et muni du dernier confort moderne. La dame, qui était jeune et jolie, était arrivée seule, mais avec un respectable ba gage lequel, tout de suite, avait permis qu'on augurât bien de la voyageuse et de son porte-monnaie. L’erreur, hélas ! était là précisément ainsi que la suite le devait démontrer Effectivement quelques jours .(dus tard la note de la cliente s'élevait déjà assez haut sans que jamais cette dernière parlât d'en régler le montant. Or, tout a une fin, même les meilleures choses. Certain matin la jeune et jolie personne fut mise en obligation de payer. Ce qu’elle ne put faire. Et alors advint ce qui devait arriver, c’est-à-dire la nécessité pour elle de quitter tout en laissant à l’hôtel en ef fets et en linge de quoi garantir sa dette. Et ce sont ces choses — ces épaves d'un beau naufrage — qui se dispersaient avanthier, samedi, au feu des enchères et pour la plus grande joie de nos aimables Biarrottes. Tant il est vrai de dire que le malheur des uns fait souvent le bonheur des autres. Un accident qui aurait pu avoir les con séquences les plus graves vient de se pro duire au central téléphonique de Tarbes. Là une dame du téléphone coiffée du cas que récepteur et ayant en main le transmet teur sc trouvait en communication avec Pau. Soudain, un contact se produisit et la jeune femme, poussant un cri, s’évanouit. Elle ne revint à elle que le lendemain, en dépit de tous les soins qui lui furent immédiatement donnés. Cet accident dont l’origine doit être re cherchée dans les travaux d’électrification de J a ligne du Midi, a produit une grosse émotion non seulement parmi le personnel des Postes mais dans le public. Celui-ci aimerait, en effet, savoir que les employés qui assurent un service, en géné ral pénible, avec tant de dévouement et de coeur ne sont point du moins obligés de le faire au péril de leur vie. JEAN-QUI-PLEURE....