Extrait du journal

D une semaine à l'autre AU PAYS BASQUE - , Comment pourrions-nous ouvrir plus heureusement cette chronique hebdo madaire— qui dorénavant paraîtra cha que samedi — des événements qui se sont passés dans notre région, qu’en parlant de la récente délibération du Conseil municipal de Biarritz, à pro pos de l’inauguration dans cette ville du Monument au Roi d'Angleterre. Tandis que, sur la plage, en face de la mer, de cette mer qui baigne tant de rivages britanniques et où sans con teste et désormais sans partage, do mine l’Angleterre, tandis que sur la plage, disons-nous, la pioche des ira railleurs fouille le sol pour faire au mo nument un cadre digne de lui, et se hâte, car un mois seulement nous sé pare de l’inauguration, nous relisions les lignes, courtes mais éloquentes, que M. André Gcigcr a consacrées au Roi Edouard \ 11, dans sa lettre sur la question des remparts de Bayonne. « Aucun nouvel acte de vandalisme 11’est à craindre, dit M. André Geiger, comme il arriva pour le Réduit et la Porte de France, auxquels s’intéressa en vain, ou trop tard, le feu roi Edouard VII, ce grand ami du Pays Basque. » Cette amitié qu’il professait pour no ire région, la ferveur avec laquelle il en admirait les sites, le goût qu’il mon trait dans l’appréciation de scs beau tés, il eut l’occasion, bien souvent, d’en donner la preuve. Aussi conçoit-on que Biarritz qui, si souvent le vit passer, sans apparat, souriant, cordial, se fasse 1111e joie de montrer quel souvenir ému et reconnaissant elle a gardé de lui. Les fêtes promettent d'être magnifiques et la colonie anglaise, accrue encore, en rehaussera 1 éclat avec, à sa tête, nous a-t-011 annoncé, lord llardinge et lord Derby. Simple, le Roi Edouard l’était par dessus tout; mais il avait aussi cctie bonne humeur fine, cette ironie dégui sée sous 1111e certaine froideur qu’on rencontre chez tant de nos amis an glais. 11 avait surtout pour la France, une amitié profonde, et pour le génie français une admiration très vive. O11 'ait combien jalousement il sc tenait, ou semblait se tenir à l'écart de la politique, tant que vécut la reine V ictoria — et elle vécut si longtemps qu’on se demandait si le prince de Gal les monterait jamais sur le trône. Mais à peine lui avait-il succédé et avait-il pris en main les rênes du gouverne ment, qu’on s’aperçut que s’il s'était tenu sur 1111c constante et absolue ré serve, rien ne lui avait échappé des événements mondiaux. 11 avait un sens aigu des réalités politiques; il fit preu ve. souvent, d’une grande clairvoyance. C’est à lui surtout que nous devons le rapprochement des Anglais vers la France. Et ce nous est une raison de plus de lui témoigner notre gratitude. Mais l’image que, tout de suite, évoque à l'esprit des habitants de ce pays, le nom du Roi Edouard, c’est le touriste habitué de notre plage, de nos avenues et des routes qui sillonnent le pays basque. 11 aimait la mer. comme tout bon Anglais, mais il l’aimait particulière ment dans ce cadre ensoleillé ; il l'ai mait battant le sable d’or et mettant aux rochers une dentelle sans cesse dé chirée et sans cesse renouvelée. 11 ai mait nos vallons verdoyants piqués de chalets aux toits rouges ou bruns qui s’inclinent vers le sol. 11 aimait le dé cor lointain des Pyrénées, où le soleil levant met des tons de feuilles rousses et que le soir coiffe d’un voile d’un bleu pastel. Or, se peut-il que dans un pays si beau, si émouvant et à la fois si repo sant, les passions humaines les plus mauvaises, les plus terribles, ne s apai sent pas ? Hélas ! la méchanceté et la sottise sont de toutes les latitudes et les dons les plus précieux de la Nature, n'en préservent point les hommes. Nous l’avons bien vu cette semaine, où le revolver et le couteau ont, tour à tour, fait des victimes et failli en coucher une de plus sur le sol. Bayonne — ce fait divers vous fut longuement conte — a été mise en émoi par un meurtre suivi d'un sui cide. Encore un drame de la jalousie, drame stupide, dont les acteurs, d ail leurs, n’étaient pas particulièrement intéressants. La réponse est de tous les jours, en Cour d’assises : — Je l’aimais trop, disent l’homme ou la femme accusés d assassinat ; je l'aimais trop, alors je 1 ai tuée ou tué, selon le cas. , . , Cette preuve d'amour, en vente, dé passé les bornes. On parlait beaucoup, autrefois du « coup de foudre » en cette matière. C’est surtout de coups de re volver qu’on parle a présent. Mieux...